Atul et Rajesh Gupta, visés par un mandat de recherche international, ont été interpellés à Dubaï jeudi suite à «des accusations criminelles et de blanchiment». Pretoria a désormais 60 jours pour demander leur renvoi devant la justice sud-africaine. Les deux pays ont signé un accord d'extradition l'an dernier.
Ensuite, «ils devraient normalement être présentés à un juge aux Émirats qui devra se prononcer sur la demande d'extradition», explique à l'AFP l'ancien procureur Johan Du Toit.
Cette demande officielle est une étape clef car le document doit lister les charges définitives retenues contre les suspects.
Jusqu'ici, le mandat d'arrêt mentionne un contrat public douteux de l'équivalent de 1,5 million d'euros. Une infime partie de l'accumulation d'accusations portées contre les frères Gupta.
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Le troisième frère, Ajay, n'est pas concerné dans ce chapitre mais est cité dans une autre affaire de détournements de fonds et de corruption.
Le sulfureux trio est accusé d'avoir infiltré le sommet de l'Etat, profitant d'une longue amitié avec Jacob Zuma qu'ils ont acheté à coups de pots-de-vin tout au long de ses deux mandats (2009-2018). Ils ont méthodiquement siphonné les caisses du pays, pillé les entreprises publiques et étendu leur emprise jusqu'à influencer le choix des ministres.
La durée de la procédure d'extradition est du ressort du système juridique des Émirats mais le parquet sud-africain a déjà averti d'«une procédure complexe». Une fois de retour sur le sol sud-africain, les accusés pourront présentés à un tribunal.
Riches suspects
Selon une source judiciaire, deux avocats de la famille Gupta se sont rendus à Dubaï depuis l'annonce de leur arrestation.
«Ces affaires ne sont jamais simples, encore moins lorsque les suspects sont riches et qu'ils ont la possibilité d'engager les meilleurs avocats spécialisés», avertit Gareth Newham, spécialiste des questions de justice à l'Institut d'études de sécurité (ISS) de Pretoria.
Il estime que «des années» pourraient s'écouler avant de voir les frères Gupta derrière les barreaux. Les Emirats sont régulièrement accusés de servir de refuge aux fortunes douteuses.
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L'Afrique du Sud tente de mettre la main sur la richissime et influente famille d'origine indienne depuis des années. Un rapport explosif avait dévoilé fin 2016 l'ampleur de ce qui a été baptisé dans le pays de «capture d'Etat».
Des poursuites contre la fratrie sont lancées pour vol, fraude et association de malfaiteurs. La peine minimum pour fraude est de quinze ans d'emprisonnement et peut aller jusqu'à la prison à vie.
En 2018, une commission indépendante est chargée d'enquêter sur la corruption d'Etat. L'ANC pousse alors Jacob Zuma à la démission, les Gupta s'évanouissent dans la nature.
Selon cette commission, dont les conclusions sont encore attendues, «dès le début de son premier mandat, le président Zuma était prêt à faire tout ce que les Gupta voulaient».
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Rapatrier les Gupta serait un coup d'éclat pour le successeur de Jacob Zuma et actuel président, Cyril Ramaphosa. Mais celui qui a promis d'éradiquer la corruption, notamment au sein de l'ANC, est lui-même dans la tourmente pour une sombre histoire de cambriolage, révélée la semaine dernière, au cours duquel des millions en espèces ont été retrouvés dans l'une de ses propriétés.
L'ANC au pouvoir doit décider d'ici décembre de le présenter ou non à un second mandat.
«Si des personnes aussi puissantes que les Gupta et Zuma peuvent être poursuivies, beaucoup de gens à l'ANC en ce moment ne dorment plus sur leurs deux oreilles», estime le politologue William Gumede, qui présage d'autres attaques politiques contre le président.