Burkina: voici pourquoi l'ex-président Blaise Compaoré, condamné à la perpétuité, retourne dans son pays

AFP

Le 07/07/2022 à 10h58

Le gouvernement du Burkina Faso a confirmé mercredi que l'ex-président Blaise Compaoré, en exil depuis qu'il a été renversé en 2014 par une insurrection populaire, était attendu à Ouagadougou d'ici la fin de la semaine pour une réunion d'anciens chefs d'Etat afin d'«accélérer la réconciliation».

Les autorités du Burkina Faso ont confirmé mercredi que l'ex-président Blaise Compaoré, en exil depuis qu'il a été renversé en 2014 par une insurrection populaire, était attendu à Ouagadougou vendredi pour une réunion d'anciens chefs d'Etat afin d'«accélérer la réconciliation».

Dans un bref communiqué, la présidence du Burkina Faso a invité à «une rencontre de haut niveau», vendredi, les cinq anciens chefs d'Etat encore en vie, dont Compaoré.

Le porte-parole du gouvernement Lionel Bilgo a indiqué que la venue de Compaoré, 71 ans, était «très probable et même attendue», pour cette rencontre.

L'entourage de Blaise Compaoré et une source proche du pouvoir à Ouagadougou avaient indiqué mardi soir que l'ancien président devait retourner dans son pays pour un court séjour.

Mercredi, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly a confirmé que «des contacts» avaient été pris avec la Côte d'Ivoire où Compaoré est en exil depuis 2014.

«Le Burkina Faso s'est engagé dans un processus de réconciliation (...) toutes les dispositions sont en train d'être prises pour que le président Compaoré participe activement à ce processus», a-t-il insisté.

Condamnation

Pourra t-il fouler le sol burkinabè en homme libre?

Le 6 avril, Compaoré avait été condamné par contumace au Burkina à la prison à perpétuité pour son rôle dans l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, lors d'un coup d'Etat qui l'avait porté au pouvoir en 1987.

Dans un communiqué, mercredi, les avocats de Thomas Sankara ont appelé les autorités judiciaires à «faire arrêter et déférer» Blaise Compaoré à son arrivée au Burkina Faso.

«Cette rencontre importante pour la vie de la Nation n’entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains», a de son côté indiqué la présidence dans son communiqué de mercredi.

Au pouvoir depuis un putsch en janvier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba tente de créer une «union sacrée» autour de lui pour l'aider dans la lutte contre les groupes jihadistes qui ensanglantent le Burkina Faso depuis 2015 et dont les attaques de plus en plus meurtrières se multiplient ces dernières semaines.

La rencontre entre les chefs d'Etat est ainsi également organisée pour «mutualiser les énergies et les synergies (...) pour lutter efficacement contre la tragédie qui nous frappe mais aussi réduire les fractures internes», a déclaré Lionel Bilgo mercredi.

Outre Blaise Compaoré, président de 1987 à 2014, sont également invités Jean-Baptiste Ouedraogo (1982-1983), Isaac Zida qui avait brièvement pris le pouvoir en 2014 et actuellement en exil au Canada, Michel Kafando (2014-2015) et Roch Marc Christian Kaboré, élu en 2015 et renversé en janvier dernier.

Selon une source proche de la présidence à Ouagadougou, Blaise Compaoré résidera dans une villa d'Etat dans laquelle avait été placé en résidence surveillé le président Roch Marc Christian Kaboré, après le putsch.

Sur les réseaux sociaux, des partisans de l'ancien président ont appelé à un rassemblement à l'aéroport de Ouagadougou vendredi matin.

Le président Compaoré avait été contraint de partir en exil en Côte d'Ivoire en octobre 2014, au lendemain de violentes émeutes populaires et sous la pression de l'armée et de l'opposition, qui s'opposaient à sa volonté de vouloir rester au pouvoir.

Par Mohamed Koné
Le 07/07/2022 à 10h58