Le bilan provisoire est de «trois morts parmi les membres de la Monusco, deux Indiens et un Marocain, et un blessé» et du «côté manifestants, sept morts et plusieurs blessés» ont été enregistrés, a déclaré à l'AFP le colonel Paul Ngoma, chef de la police de Butembo.
Dans l'après-midi, la situation était toujours très tendue à Butembo, important carrefour commercial régional où les activités ont été paralysées.
Devant une base de la Monusco, des manifestants ont été dispersés par les forces de sécurité, selon plusieurs témoins. «Parmi ces jeunes gens, on trouve des armes», a déploré le colonel Ngoma.
A Goma, la capitale provinciale, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a fait état d'«au moins cinq morts» parmi les manifestants, promettant de revenir, dans une conférence de presse conjointe avec le chef adjoint de la Mission de l'ONU, «sur le bilan humain, matériel, ainsi que les conséquences à tirer» de ces manifestations.
Un correspondant de l'AFP sur place a constaté la mort d'un manifestant, atteint à la tête par une balle apparemment tirée de l'intérieur de la base logistique de la Monusco vers 11H00 (09H00 GMT). Une ambulance de l'armée congolaise est ensuite passée prendre le corps, selon ce correspondant.
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Tôt le matin, des centaines de manifestants avaient envahi les abords de la base logistiques de la Monusco à Goma et attaqué le camp de transit de la mission situé hors du centre ville.
«Nous ne voulons plus de la Monusco», «bye bye Monusco», scandaient des affiches de cette «campagne» réclamant le départ de la mission onusienne en RDC. Les forces de sécurité congolaises contenaient difficilement la foule aux abords de la base logistique.
«Nous confirmons avoir reçu 28 blessés par balles hier et ce matin nous venons de recevoir 8 blessés par balles. Certains sont dans un état critique. Mais nous n'avons pas encore enregistré de mort chez nous», a déclaré à l'AFP Serge Kilumbiro, chargé de l'administration de l'hôpital CBCA Ndosho, à Goma.
"Des pilleurs"
Les manifestants reprochent notamment à la Monusco son impuissance à enrayer les violences et les attaques de la centaine de groupes armés actifs dans l'est du pays.
A Beni, ville située à 350 km de la capitale provinciale dans le Nord-Kivu (est), les activités étaient paralysées par des manifestants anti-Monusco.
Dans plusieurs quartiers, les protestataires ont brulé des pneus. Des stations-services sont restées fermées ainsi que les boutiques et les marchés.
Des militaires sont déployés sur la route nationale N°4 qui conduit vers la base locale de Monusco.
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Lundi à Goma, des centaines des manifestants étaient déjà descendus dans la rue à l’appel des organisations de la société civile et du parti du président Félix Tshisekedi, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Après avoir pris d'assaut le quartier général de la Monusco et sa base logistique, ils avaient cassé des vitres, des murs et pillé des ordinateurs, des chaises, des tables et des objets de valeur.
«La Monusco dénonce vigoureusement l’attaque de ses locaux à Goma, dans le Nord-Kivu, perpétrée par un groupe de pilleurs en marge d’une manifestation qui, de surcroît, a été interdite», avait alors réagi la mission dans un communiqué.
Le gouvernement congolais avait aussi condamné «toute forme d’attaque contre le personnel et les installations des Nations Unies", promettant que «les responsables (seraient) poursuivis et sévèrement sanctionnés».
Présente en RDC depuis 1999, la Monuc (Mission de l'ONU au Congo) qui est devenue la Monusco (Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC) en 2010, compte actuellement plus 14.000 soldats de la paix. C'est l'une des plus importantes et des plus coûteuses missions de l'ONU au monde, avec un budget annuel d'un milliard de dollars.