Figurant parmi les économies africaines les plus dynamiques, le Ghana suscite tout de même de vives craintes chez les investisseurs étrangers en ce qui concerne le remboursement de sa dette. Leurs craintes sont d’autant plus légitimes que les agences internationales de notation sont unanimes sur les risques de défaut de paiement du pays ouest-africain.
Après Moody’s (note CAA1/Haut risque) en février dernier et Standard & Poor’s (note rabaissée à CCC+/Haut risque) début août, c’est autour de Fitch Ratings d’alerter, le 10 août, sur le risque de défaut de paiement du Ghana. L'agence de notation américaine a rétrogradé la note de crédit du pays qui passe de «B-» à «CCC», faisant figurer le pays dans la catégorie hautement spéculative.
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En clair, le Ghana n’est quasiment plus en mesure de rembourser son service de la dette. Fitch justifie cette dégradation de la note du pays par «la détérioration des finances publiques, la baisse significative de la liquidité extérieure et des réserves internationales estimées à 7,6 milliards de dollars en juin 2022, ne couvrant dorénavant que 2 mois d’importations de biens et services».
Par conséquent, Accra aura du mal à sortir sur le marché international de la dette pour emprunter des ressources dont elle a besoin pour faire face à ses besoins de financement. Et au cas où elle obtiendrait des financements, ce sera à des taux d’intérêt très élevés. C’est dire que le risque de défaut de paiement est réel. D’ailleurs, en juillet dernier, Fitch Ratings avait déjà placé la Ghana sur sa liste de 17 pays en défaut de paiement ou qui risquent de l’être. Trois autres pays africains y figuraient: Ethiopie, Tunisie et Zambie.
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Pour sortir de cette situation, les dirigeants ghanéens, qui avaient un certain temps annoncé la fin des sollicitations du Fonds monétaires international (FMI), ont fini par redemander le soutien de l’institution de Breton Woods pour la mise en place d’un plan de sauvetage. Un accord de prêt a été signé récemment et des fonds pourront être débloqués avant la fin de l’année, au cas où les deux parties tomberaient d’accord sur les réformes à entreprendre, ce qui assurera une bouffée d’oxygène à l’économie ghanéenne. Ce plan de sauvetage devrait déboucher sur un décaissement de 3 milliards de dollars.
Le nouveau prêt du FMI permettrait d’augmenter les réserves en devises du pays, de faire face au service de la dette qui devrait atteindre 2,75 milliards de dollars au titre de 2022 et 2,8 milliards de dollars en 2023, en permettant au pays de pouvoir sortir sur le marché international de la dette. Pour Fitch, suite à cet accord, le Ghana pourra s’acquitter de ses obligations en matière de dette grâce au prêt du FMI, d’un prêt de la Banque africaine d’import-export, d’un prêt syndiqué de banques commerciales internationales...
Toutefois, au cas où un accord définitif avec le FMI n’est pas acté, le Ghana sera obligé de puiser dans ses réserves en devises déjà faibles pour rembourser son service de la dette avec des risques énormes de paiement de ses importations de biens et services.
Le Ghana est durement touché par la crise avec une inflation qui se situe actuellement autour de 28%, et ce, malgré les interventions de la banque centrale du pays qui a relevé à plusieurs reprise son taux directeur pour freiner la flambée des prix. La dette publique du Ghana représenterait actuellement 84% du PIB, soit largement au-dessus du seuil de 70% fixé par la CEDEAO.