En dehors de l’Afrique du Sud, l’Egypte est le pays le plus endetté en valeur vis-à-vis de l’extérieur au niveau du continent africain. En effet, selon les données de la Banque centrale d’Egypte, à fin mars 2022, la dette extérieure du pays s’est établie à 157,8 milliards de dollars. Elle a ainsi progressé de 20 milliards de dollars depuis juin 2021. A ce jour, 5 mois plus tard, elle est certainement beaucoup plus élevée.
Concernant la répartition par maturité de cette dette, elle est globalement dominée par les emprunts à long terme qui représentent 131,4 milliards de dollars, soit 83,3% du montant, tandis que le reliquat est constitué de dette à court terme (26,4 milliards de dollars).
Concernant les créanciers, les prêts octroyés par les institutions multilatérales et les obligations émises à l’étranger ont représenté respectivement 52 milliards de dollars et 29,4 milliards de dollars. S’y ajoutent les dépôts à long terme faits auprès de la Banque centrale d’Egypte par des pays arabes (Emirats arabes unis, Arabie saoudite et Koweit) et qui se sont établis à 15 milliards de dollars.
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La dette à court terme représente 71,3% des réserves internationales nettes du pays à mars dernier, contre seulement 33,8% en juin 2021. Une forte baisse du ratio qui s’explique par la forte hausse de la dette à court terme d’environ 12,7 milliards de dollars et de la baisse des réserves en devises du pays sous l’effet de la flambée des prix sur le marché international et des remboursements du service de la dette.
Pour ce qui est des emprunteurs, le Fonds monétaire international (FMI), via divers instruments de financement (mécanisme de financement élargi, Instrument de financement rapide, allocation de DTS…), demeure le premier créancier de l’Egypte avec 23,3 milliards de dollars, soit 44,7% des prêts accordés par les institutions multilatérales. L’institution de Bretton Woods est suivie par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (12 milliards de dollars), la Banque européenne d'investissement (4,5 milliards de dollars)…
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Au niveau bilatéral, les pays arabes réunis ont fait des prêts s’élevant à 39,6 milliards de dollars. Les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite pèsent respectivement 11,4% et 7,8% de la dette extérieure égyptienne. Les créances envers le Club de Paris s’élèvent à 9,5 milliards de dollars et 7,6 milliards de dollars étaient dus à la Chine.
Pour ce qui est des devises d’emprunt, qui donne un aperçu sur l’exposition de la dette extérieure à la volatilité du marché des changes, on note que la dette égyptienne est libellée en grande partie en dollars américains. A fin mars dernier, la dette libellée en dollar s’établissait à 103 milliards de dollars, soit 65,20% du montant de la dette totale du pays. Les autres devises d’emprunt sont le DTS du FMI (24,8 milliards de dollars à l’euro (17,2 milliards de dollars), le dinar koweïtien (3,9 milliards de dollars), le yuan chinois (3,7 milliards de dollars), le yen japonais (3,1 milliards de dollars) et les autres devises (2 milliards de dollars).
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C’est dire que l’Egypte est très exposée vis-à-vis de l’évolution du billet vert américain. Ainsi, la «dévaluation» de la livre égyptienne de 13% par rapport au dollar en mars dernier impacte négativement le service de la dette du pays en renchérissant le coût du service de la dette libellée globalement en dollar.
Or, le montant du service de la dette pèse énormément sur les dépenses du budget de l’Etat. Il a atteint 20 milliards de dollars entre juillet 2021 et mars 2022 (16,6 milliards en principal et 3,4 milliards en intérêts), contre 10,9 milliards de dollars pour la même période précédente.