Egypte: émission d’eurobonds de 3,75 milliards de dollars et forte hausse de l’endettement extérieur

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Le 10/02/2021 à 14h51, mis à jour le 11/02/2021 à 16h16

L’Egypte a émis des euro-obligations libellées en dollars pour un montant global de 3,75 milliards de dollars. Une partie de ce montant levé sur le marché international des capitaux va servir pour financer une partie du déficit budgétaire. Toutefois, l’endettement extérieur du pays explose.

C’est certainement l’une des plus grosses sorties, d’un seul coup, d’un pays africain, sur le marché international de la dette que vient de signer l’Egypte. Le pays des pharaons a levé 3,75 milliards de dollars en euro-obligations libellées en dollars.

L’émission obligataire a porté sur trois tranches. La première tranche de 750 millions de dollars d’une maturité de 5 ans a été adjugée avec un rendement de 3,875%. Les deux autres tranches de 10 et 40 ans de maturité, d’un montant de 1,5 milliard de dollars chacune, ont été souscrites avec des rendements respectifs de 5,875% et 7,50%.

Les bonds égyptiens ont été bien accueillis par le marché comme en atteste la forte demande des investisseurs étrangers qui a atteint 15 milliards de dollars. C’est dire que l’offre a été sursouscrite 4 fois, témoignant de la confiance des investisseurs étrangers à l’économie égyptienne. Cette forte demande a permis à l’Egypte d’offrir des rendements inférieurs aux taux de référence initiaux qui étaient de 4,25% à 4,375% pour la tranche de 5 ans, 6,25% pour celle de 10 ans et 7,875% pour les bonds de 40 ans.

Pour réussir l’opération, le gouvernement égyptien s’est appuyé sur de grosses banques rompues aux montages de ces opérations et qui ont la confiance des investisseurs dont Citi, Goldman Sachs international, HSBC, JP Morgan, Standard Chartered et First Abu Dhabi Bank.

Cette levée importante vise à financer une partie du déficit budgétaire du pays qui s’est aggravée à cause des effets de la pandémie du Covid-19 qui a touché des pans de l’économie égyptienne, notamment certains secteurs stratégiques dont particulièrement le tourisme qui s’est effondré.

Or, à l’instar des transferts de la diaspora et des recettes du Canal de Suez, le tourisme a toujours été un des plus grands pourvoyeurs de devises fortes à l’Egypte.

Reste que cette nouvelle émission qui vise à financer une partie du déficit budgétaire égyptien vient aussi alourdir une dette déjà colossale. Rien que depuis le déclenchement de la pandémie du Covid-19, le pays a recouru au soutien du Fonds monétaire international (FMI) qui lui a alloué une financement d’urgence de 2,77 milliards de dollars en mai, avant d’obtenir, un mois plus tard, de la même institution, un colossal prêt conditionnel de 5,2 milliards de dollars.

Ces prêts interviennent après les 12 milliards de dollars octroyés par le fonds, en plusieurs tranches, entre 2016 et 2019, en contrepartie de nombreuses conditions: dévaluation» de la livre égyptienne maquillée en mise en place d’un système de change flexible, baisse des subventions sur de nombreux produits, réformes fiscales avec introduction de nouvelles taxes et impôts, etc.

Et toujours en 2020, l’Egypte avait levé sur le marché international de la dette un total de 5,75 milliards de dollars dont 750 millions de dollars d’obligations vertes.

Les nouveaux emprunts vont augmenter fortement la dette extérieure du pays. Le ratio de dette extérieure rapporté au PIB du pays devrait se situer aux alentours de 40%, se situant dans la limite de sécurité conformément aux normes internationales.

Celle-ci avait atteint 108 milliards de dollars en juin 2019 et le taux d’endettement du pays avait franchi la barre des 100% du PIB du pays avant de décroître grâce surtout aux fortes hausses du PIB avant que la pandémie du Covid-19 ne vienne freiner l’embellie.

Le taux d’endettement du pays constitue une véritable charge au niveau des budgets à venir avec un service de la dette colossale. En 2018-2019, le service de la dette s’est établi à 13,4 milliards de dollars dont 10,2 milliards en capital et 3,2 milliards en intérêts.

Une situation qui pourrait constituer un handicap en réduisant la marge de manœuvre au niveau du budget dédié aux investissements publics nécessaires à la croissance du pays.

A ce titre, il faut rappeler que le pays, la seule économie de la région du Moyen-Orient & Afrique du Nord à enregistrer une croissance positive en 2019-2020, devrait enregistrer une évolution de son PIB de 2,8% pour l’exercice 2020-2021 qui se termine en juin prochain.

Par Moussa Diop
Le 10/02/2021 à 14h51, mis à jour le 11/02/2021 à 16h16