Le trésorier et le secrétaire de la Cour royale ont été convoqués mardi 2 mai pour un interrogatoire. Les enquêteurs anticorruption examinent les comptes de Muhammadu Sanusi II, deuxième dignitaire musulman du pays, à la suite d'accusations de mauvaise gestion des finances.
"Nous avons été assez loin dans cette enquête (...) pour sauvegarder l'honneur et le prestige du conseil de l'émirat" de Kano, a déclaré dimanche à l'AFP le chef de l'unité anticorruption de l'Etat de Kano, Muhyi Magaji.
Les enquêteurs se focalisent sur des dépenses de 6 millions de nairas (17 million d'euros) pour acheter des voitures de luxe, affréter des avions, payer des factures de téléphone et d'internet ainsi que d'autres frais personnels.
Le conseil de l'émirat de Kano a démenti toutes ces accusations. "Le conseil de l'émirat n'a jamais acheté de Rolls Royce pour l'émir," a déclaré le trésorier, Mahe Bashir Wali. "Ces voitures sont des cadeaux d'amis après son élection en tant qu'émir".
Wali maintient que l'émir a toujours payé lui-même ses billets d'avion et que les autorités de l'Etat de Kano ont toujours approuvé ses dépenses.
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Selon Nura Ma'aji, un militant anticorruption de Kano, "l'émir s'est exprimé sans ambages et à dit sa vérité au pouvoir (...). Le gouvernement de l'Etat utilise la commission anticorruption pour le discréditer".
L'émir, qui fut avant sa nomination en juin 2014 banquier à Londres et New York, puis gouverneur de la Banque centrale du Nigeria et professeur d'université, incarne une nouvelle génération montante de chefs traditionnels au Nigeria et se pose en réformateur progressiste.
Dans l'Etat de Kano, où la charia a été réintroduite en 2000, il n'hésite pas à remettre en question des dogmes. Il ne dispose en théorie d'aucun pouvoir politique, mais exerce une grande influence.
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Au cours des trois dernières années, l'émir a rompu avec la tradition, en se prononçant pour la nécessité de réformes sociales.
Depuis plus d'un an, une équipe de religieux et de juristes rassemblés par l'émir planche sur un projet de Code de la famille, régissant mariage, divorce ou héritage et censé mettre fin aux abus au sein des nombreux foyers polygames.
Un projet qui suscite toutefois de nombreuses résistances des chefferies traditionnelles et un déferlement de critiques sur les radios locales.
L'émir avait provoqué des remous en dénonçant une fraude de 20 milliards de dollars au sein de la compagnie pétrolière d'Etat. Le président d'alors du Nigeria, Goodluck Jonathan, l'avait alors suspendu de ses fonctions de gouverneur de la Banque centrale.