Cameroun. Violences dans les régions anglophones: les prévenus risquent la peine de mort

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Le 09/06/2017 à 09h11, mis à jour le 09/06/2017 à 09h14

Les prévenus jugés pour des faits de violence dans les zones anglophones risquent gros. Leurs demandes de mise en liberté sous caution ou de placement sous surveillance judiciaire ont été rejetées lors de la dernière audience, mercredi 7 juin.

«La décision des juges risque de renforcer la radicalisation des populations anglophones», lance un avocat au sortir de la Cour du tribunal militaire de Yaoundé. Ce mercredi, la déception semble générale au terme de cette autre audience criminelle spéciale.

Laquelle oppose le ministère public à Nkongho Félix Agbor Balla (avocat) et Fontem Neba Agbor (universitaire). Par le mécanisme de la jonction des procédures, le dossier de ces deux «leaders de la violence» dans les deux régions anglophones du pays a été lié à celui des 25 autres personnes, interpellées pour des faits de violence dans les mêmes localités (nord-ouest et sud-ouest du Cameroun).

Ce mercredi donc, le prononcé du jugement en délibéré par la présidente du tribunal, madame Abega Mbezoa épouse Eko Eko, a rejeté les deux demandes de liberté sous caution ou de placement sous surveillance judiciaire.

Cette décision a plongé les accusés et leurs avocats dans la tristesse, mais a également suscité la colère. Ce d’autant que lors de l’audience précédente, le 24 mai 2017, le ministère public avait admis le principe de la mesure de surveillance judiciaire à accorder aux prévenus.

La présidente du tribunal et les assesseurs en ont décidé autrement. Bien que certains anciens bâtonniers qui composent le collège des avocats des prévenus se soient portés garants de leur représentation devant la justice et que le passé judiciaire de chacun des accusés soit sans tache. Néanmoins, selon les juges, les charges qui pèsent sur les prévenus sont passibles de peines d’emprisonnement à vie ou de mort, au regard des dispositions du code de procédure pénale.

Etant donné que ce genre d’audience n’admet pas de débats, le collège des avocats conduit par Me Bernard Muna ne peut qu’attendre l’ouverture des débats lors de la prochaine audience pour déposer éventuellement une nouvelle demande de remise en liberté. Ce sera le 29 juin prochain.

En attendant, Me Bernard Muna indique que la détention de Nkongho Félix Agbor Balla et Fontem Neba Agbor n’est bonne qu’à alimenter la violence dans les régions anglophones. Il est clair selon l’ex-bâtonnier que «la libération des deux leaders d’opinion pourrait contribuer à ramener le calme et à apaiser la tension sociale dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays».

Enfin, rapellons que cette semaine encore, on a enregistré des incendies à Bamenda (chef-lieu de la région du Nord-Ouest). Tout un hôtel est parti en fumée. Dans le même temps, mardi dernier, deux élèves candidats au Brevet d’étude du premier cycle (BEPC) ont été agressés à l’arme blanche par ceux qui militent pour le non-retour à l’école. L’une des personnes agressées est encore dans le coma à ce jour.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 09/06/2017 à 09h11, mis à jour le 09/06/2017 à 09h14