Cameroun: le poulet congelé fait de la résistance

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Le 10/07/2017 à 20h25

Alors que la vente de poulet congelé est interdite dans le pays depuis 2006, elle continue pourtant sous cape dans les marchés. Face au danger sanitaire et à la concurrence face à la filière avicole locale, les autorités camerounaises multiplient les saisies.

Le week-end dernier, les brigades de contrôle du ministère du Commerce ont saisi, et détruit par incinération, une cargaison d’environ 300 kg de poulets congelés à l’entrée de la capitale, Yaoundé. Une saisie parmi tant d’autres ces dernières semaines, tant ce genre d’opérations se multiplie dans le pays.

Bien qu’interdit au Cameroun depuis 2006, afin notamment de protéger la filière avicole locale, les découpes de poulets congelés importés refont leur retour en force. Et ce, à la faveur notamment de l’épizootie de grippe aviaire qui a sévi dans le pays en 2016 et affaibli la production nationale.

Aussi, la production nationale, estimée à environ 5 millions de poulets sur pattes, selon les données de l’Interprofession avicole du Cameroun (IPAVIC), n’arrive plus à couvrir la demande. Les pertes enregistrées par la filière avicole camerounaise à la suite de l’épizootie depuis mai 2016 sont estimées à 16 milliards de FCFA et le plan de relance mis sur pied ne porte pas encore tout à fait ses fruits.

C’est ce qui explique le fait que dans les marchés, le poulet congelé se vend sous cape, au noir. La marchandise est généralement cachée dans les arrières boutiques des commerçants pour éviter les contrôleurs du ministère. Car le prix des poulets sur pattes a de son côté flambé, passant d’environ 2500 FCFA pour un poulet moyen à 3.500F, voire 4.000 F CFA.

Selon l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC), le poulet congelé est introduit au Cameroun via le Gabon et la Guinée équatoriale où ce produit est autorisé. Une opération facilitée par la porosité des frontières en matière de contrôle et la corruption.

Certaines voix s’élèvent même dans le pays pour réclamer la levée de l’interdiction des découpes de poulets. Mais les associations et ONG, tout en invoquant les risques sanitaires de ce produit, prônent davantage d’implication du gouvernement pour soutenir les fermiers locaux et relancer la production, actuellement à la peine.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 10/07/2017 à 20h25