Cameroun-Nigeria: tensions dans la péninsule de Bakassi

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Le 20/07/2017 à 11h51, mis à jour le 20/07/2017 à 12h16

Le gouvernement camerounais, à travers le porte-parole du gouvernement, a réfuté les allégations de sévices contre des Nigérians résidant à Bakassi. Au centre des querelles, le refus de paiement des impôts et taxes diverses par les ressortissants nigérians établis sur la presqu'ile.

Selon le ministre de la Communication camerounais, Issa Tchiroma Bakary, la presse nigériane a relayée ces derniers jours des informations erronées sur la mort de 97 ressortissants de ce pays dans la localité d’Idabato, dans la péninsule de Bakassi, affirmant qu les victimes auraient subi des sévices de la part des forces de l’ordre camerounaises.

Mais d’après le ministre, qui relate à travers un communiqué en fin de journée de ce 19 juillet 2017 la version du gouvernement camerounais, les autorités municipales d’Idabato ont lancé le 3 juillet 2017, une opération de recouvrement de taxes dans la localité.

«Cette opération s’est heurtée à l’hostilité manifeste de certains ressortissants nigérians, au motif qu’ils se trouvent en territoire nigérian. Les concernés ont par ailleurs brutalisé les membres de la commission de recouvrement fiscal déployée sur le terrain, et menacé de détruire divers édifices publics et privés en guise de protestation», indique Issa Tchiroma Bakary.

Le porte-parole du gouvernement camerounais dément ainsi toutes mesures de coercition sur les populations nigérianes. «Aucun décès, ni expulsion de personnes, n’ont été enregistrés», affirme-t-il. Il précise toutefois que les ressortissants nigérians installés à Bakassi bénéficiaient d’un régime d’exemption fiscale en vertu de l’Accord de Greentree signé entre les chefs d’Etat des deux pays.

Une exemption arrivée à échéance le 13 août 2013 et prorogée exceptionnellement de deux années. Cependant, la période de grâce étant désormais terminée, les Nigérians ayant choisi de rester à Bakassi, sont à présent astreints au paiement des droits et taxes prévus par la législation camerounaise en vigueur.

Précédemment administré par le Nigeria, un jugement de la Cour internationale de justice de La Haye, rendu le 10 octobre 2002, a attribué la souveraineté de Bakassi au Cameroun. Depuis, malgré le retrait pacifique des troupes nigérianes, des tensions subsistent parfois entre les populations locales et l’administration camerounaise.

L'accord prévoit que les habitants de la péninsule, principalement des familles de pêcheurs nigérians, ont le choix entre un transfert au Nigeria ou un maintien sur place, avec ou sans l'adoption de la nationalité camerounaise. Ce conflit frontalier avait failli provoquer une guerre entre les deux pays en 1994.

Le Nigeria et le Cameroun se disputant cette zone marécageuse aux confins du delta du Niger, dont les eaux sont réputées poissonneuses et le sous-sol riche en pétrole.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 20/07/2017 à 11h51, mis à jour le 20/07/2017 à 12h16