Cameroun: la catastrophe ferroviaire d’Eseka et ses disparitions mystérieuses

DR

Le 13/09/2017 à 06h48

Depuis l’accident du 21 octobre 2016, Me Dorette Dissaké, notaire, n’a jamais été retrouvée. Pour la deuxième fois, son époux vient d’écrire au chef de l’Etat, estimant qu’elle aurait été enlevée.

Les Camerounais connaissent bien Me Dorette Dissaké, notaire à la 7e charge à Yaoundé. Puisqu’en qualité de secrétaire général de la chambre des notaires du Cameroun, c’est elle qui parlait généralement au nom de ce corps professionnel. Bientôt un an qu’elle a disparu des radars, elle qui fait partie des célèbres victimes de l’accident ferroviaire d’Eseka, survenu le 21 octobre 2016. Célèbre, parce que c’était une personnalité connue, mais aussi parce que son corps n’a jamais été retrouvé.

Me Thomas Dissaké, son époux, avocat au barreau du Cameroun, semble désormais seul à la quête de la notaire. Pour la deuxième fois, le mari en peine vient d’écrire à Paul Biya, président de la République, pour qu’il intervienne dans les recherches de son épouse.

Dans sa dernière parution, l’hebdomadaire Intégration rapporte que Thomas Dissaké est sur tous les fronts, espérant retrouver son épouse vivante. Dans sa correspondance du 4 septembre 2017 à Paul Biya, l’avocat indique que «onze mois après le drame d’Eseka et cette disparition, moi-même, la famille et des amis ne comprenons rien à une telle disparition. Aurait-elle été enlevée? Dans quel état, pourquoi, dans quelle destination et par qui?», s’interroge-t-il.

L’avocat se souvient que ce jour fatidique du 21 octobre, Me Dorette Dissaké s’est rendue à la gare ferroviaire de Yaoundé et a pris place sur le siège 54C, de la voiture 1321 du train 152, en partance pour Douala. Un train qui n’est jamais arrivé à destination pour cause de déraillement. Bilan officiel: 79 morts et près de 600 blessés.

Parmi les survivants, ses compagnons de voyage, notamment une copine et sa fille. Aucune trace de la notaire. Les recherches menées par les proches de la victime sont infructueuses. Les interrogations des proches de la victime sont d’autant plus grandes qu’un autre survivant confirme que Me Dissaké est sortie en vie du train. Ce témoin qui détenait le téléphone de la notaire l’a d’ailleurs rapporté à sa famille, l’ayant perdu de vue au sortir des décombres…

Voilà qui fait croire à Thomas Dissaké que son épouse a été enlevée. Dans sa première lettre à Paul Biya, le 15 février 2017, il assure que les recherches ne se déroulent pas convenablement. Sans suites, il relance le chef de l’Etat et espère toujours une réponse de la plus haute personnalité du pays.

En attendant, Thomas Dissaké est convié, comme ayant droit de Dorette Dissaké, à un procès en correctionnelle qui s’ouvre le 28 septembre 2017 contre Camrail au tribunal de première instance d’Eseka. Il compte en profiter pour insister sur le cas de son épouse. Il faut dire qu’il n’est pas seul dans le cas. Lesieur David Mekem cherche également son fils Romial Tedonzong, depuis le 21 octobre 2016.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 13/09/2017 à 06h48