Cameroun. Crise anglophone: les Etats-Unis craignent pour la sécurité de leurs ressortissants

Depuis un an, les violences secouent le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays.. DR

Le 22/02/2018 à 11h48, mis à jour le 22/02/2018 à 14h54

L’ambassade américaine à Yaoundé restreint les déplacements de ces citoyens dans les régions anglophones, en raison de risques d’une détérioration de l’environnement sécuritaire à tout moment. Le gouvernement affirme de son côté que «la situation est sous contrôle».

L’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé restreint les déplacements de son personnel dans les régions anglophones du Cameroun, en proie à une crise sociopolitique depuis plus d’un an.

«En raison de l'évolution de la situation en matière de sécurité, le personnel de l'ambassade des Etats-Unis n'est autorisé à voyager que dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest jusqu'au 7 mars», écrit la représentation diplomatique sur son site Internet, dans la rubrique «Messages de sécurité et de sûreté pour les Américains en visite au Cameroun».

L’ambassade invite également les citoyens américains à reconsidérer ou reporter les voyages dans ces régions. «Il s’agit de mesures préventives. Il y a eu une note avant cela pour les zones vers Mamfe (localité de la région du Sud-Ouest où des membres des forces de l’ordre et de sécurité ont été tués depuis le début de la crise, NDLR)», confie une source à l’ambassade américaine.

Ici, on justifie la mesure par la crainte d’une escalade de la violence dans ces régions car «la sécurité au Cameroun peut se détériorer sans avertissement». Les violences ont repris dans la partie anglophone du pays, faisant des morts. On est toujours sans nouvelles du sous-préfet de Batibo (nord-ouest) enlevé le 10 février. Le couvre-feu instauré dans le Nord-Ouest a été prolongé d’une semaine le 18 février dernier.

Côté gouvernement, l’on affirme que «la situation est normale», à l’exception de «quelques attaques sporadiques» menées par «des terroristes qui viennent et s’attaquent à nos forces de défense», selon le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, qui s’exprimait ce matin depuis Yaoundé sur Africanews, la branche africaine d’Euronews.

«Globalement, la situation est sous contrôle. Il n’y a pas de problème», a déclaré le ministre camerounais. Le 5 févier dernier, le département d’Etat américain a condamné les violences qui sévissent dans les régions anglophones et demandé aux autorités publiques camerounaises de respecter les droits de l’Homme.

Le gouvernement camerounais a répondu que l’armée ne fait qu’assurer la protection des citoyens et des biens et n’usent des armes que lorsque les soldats doivent se défendre. «Toutes les dispositions sont prises pour mettre hors d’état de nuire ces criminels (les séparatistes, NDLR) et faire en sorte que la paix et la sécurité soient sauvegardées sur toute l’étendue du territoire national», a déclaré le chef de l’Etat, Paul Biya, le 30 novembre dernier à son retour d’Abidjan, où il prenait part au 5e sommet Union africaine-Union européenne.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 22/02/2018 à 11h48, mis à jour le 22/02/2018 à 14h54