Afrique: les remèdes de la Banque mondiale face à la crise de l'éducation

DR

Le 07/03/2018 à 16h23, mis à jour le 07/03/2018 à 16h25

En dépit de certains progrès enregistrés au cours des dernières années, 50 millions d'enfants africains ne sont pas intégrés au système scolaire, selon un rapport de la Banque mondiale.

Malgré d'importants progrès réalisés au cours des dernières années en matière de scolarisation au niveau du primaire et du secondaire, 50 millions d’enfants africains ne fréquentent pas les bancs de l'école, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale (BM) intitulé: «Perspectives: l’école au service de l’apprentissage en Afrique».

Ce document renvoie l’image d’un secteur éducatif africain en proie à une crise profonde «qui mine la croissance économique et nuit au bien-être des populations», ce qui nécessite une attention particulière «sur l’accessibilité et la qualité des services».

Outre un nombre très important d’enfants non scolarisés, «la plupart de ceux qui fréquentent l’école n’acquièrent pas les aptitudes de base nécessaires à leur réussite dans la vie. Les niveaux d’instruction dans les pays de la région demeurent extrêmement faibles. Les trois quarts des élèves de la deuxième année du primaire, évalués dans le cadre des tests de calcul administrés en Afrique subsaharienne, étaient incapables de compter au-delà de 80 et 40% d'entre eux étaient incapables d’additionner 2 nombres à 1 chiffre. En lecture, 50 à 80% des enfants de deuxième année étaient incapables de répondre à une seule question tirée d’un court passage qu’ils avaient lu, et un grand nombre ne pouvait lire le moindre mot».

En fait, ajoute le document de la Banque mondiale (BM), les progrès en matière d’éducation réalisés sur le continent africain «sont inégaux». Ainsi, certains pays, à l’image de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe, offrent un accès universel à l’éducation de base (primaire et premier cycle du secondaire), alors que des états comme la République Centrafricaine (RCA), le Liberia et le Tchad, «qui ont été touchés par des conflits et des troubles politiques, sont à la traîne même pour l’accès à l’enseignement primaire. Dans la majorité des pays, et malgré les progrès rapides enregistrés, les enfants issus des foyers les plus fortunés, vivant en milieu urbain et de sexe masculin jouissent d’un meilleur accès au premier cycle du secondaire».

Ce rapport recoupe certaines réalités des chiffres concernant la Mauritanie, avec un taux de scolarisation chez les filles de 92,7% et de 90% dans les rangs des garçons (2014).

Mais le taux de déperdition chez les jeunes filles dans le primaire et surtout au niveau du secondaire demeure préoccupant. Elles abandonnent progressivement le système éducatif pour diverses raisons: économiques, sociologiques, sociales,...

Pour Jaime Saavedra, directeur principal de l’institution financière mondiale dans le domaine de l’éducation, «assurer une éducation de base de haute qualité pour les enfants constitue à la fois une nécessité économique et un impératif moral. Ce rapport trace un portrait de la crise de l’apprentissage qui afflige l’Afrique» et identifie «les moyens dont dispose la région pour la résoudre. Les jeunes Africains peuvent transformer la région et provoquer les changements économiques durables, mais pour cela ils ont besoin d’une meilleure qualification».

Pour une meilleure qualité de l’enseignement, le rapport préconise le désengorgement des petites classes «où les enfants sont bloqués pendant de nombreuses années et ne progressant que très peu» avec un enseignement dispensé le plus souvent dans une langue qu’ils comprennent mal.

Il faut également «des mesures propres à accompagner l’assiduité, à réduire les redoublements et la taille des classes, ainsi que la mise en œuvre d’une politique sur la langue d’enseignement...».

L’étude de la BM recommande «l’élimination des examens à forts enjeux administrés entre la fin du cycle primaire et le début du cycle secondaire, afin d’assurer la progression des élèves».

Le document fait ressortir «le besoin de renforcer le soutien dont bénéficient les enseignants et insiste sur les enjeux de recrutement, de préparation, de déploiement, de supervision et d’encadrement». Il souligne l'importance de mettre fin au taux d’absentéisme élevé chez les enseignants et à leurs lacunes en matière de connaissances et de compétences.

Pour financer l’enseignement, «les pays africains ont dépensé en moyenne 204 dollars par élève dans le primaire, soit moins de la moitié du montant dépensé en Asie du Sud, la deuxième région affichant le plus faible niveau de dépense par élève.

Toutefois, sur ce point, les auteurs du rapport rappellent qu’il ne s’agit pas seulement de dépenser, mais d'investir de manière intelligente et stratégique en ciblant l’aspect pédagogique, le matériel et les infrastructures scolaires.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 07/03/2018 à 16h23, mis à jour le 07/03/2018 à 16h25