Cameroun: des coups de feu tirés sur l’archevêché de Douala

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Le 07/05/2018 à 11h56, mis à jour le 07/05/2018 à 12h01

La résidence de l’archevêque métropolitain, Mgr Samuel Kleda, a été prise pour cible par un ou des inconnus armés dans la nuit du 3 au 4 mai 2018. Un projectile tiré en direction de la chambre du prélat a perforé une fenêtre vitrée, sans faire de victime. Les détails.

Des coups de feu ont éclaté la semaine dernière à la cathédrale de Douala, dans la métropole économique. «Il s’est avéré après les premières constatations que, dans la nuit du 3 au 4 mai 2018, autour de 21h30, un projectile a été tiré en direction de l’archevêché de Douala», informe le vicaire général de l’archidiocèse de Douala, Mgr Dieudonné Bayemeg, dans un communiqué.

Selon le texte, le tir a perforé une fenêtre vitrée, sans faire de victime. «Il n’y a pas eu de dégât humain, et la police interpellée s’est immédiatement rendue sur les lieux, en présence de l’archevêque, du recteur de la cathédrale, de l’économe de l’archidiocèse, du factotum et du vigile de la maison», indique le document.

Les policiers ont emporté avec eux «quelques indices» pour analyses, notamment «les éclats de vitres tombés à l’intérieur de la chambre», peut-on y lire. Les enquêtes, apprend-on, se sont poursuivies dans la matinée du 4 mai par la descente à l’archevêché des différentes forces de maintien de l’ordre. Ce, en présence du procureur général de la Cour d’appel du littoral.

Tout laisse donc croire que la personne visée était l’archevêque métropolitain de Douala, Mgr Samuel Kleda, par ailleurs président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC). Ce dernier ne se trouvait pas dans sa chambre au moment des faits. Le prélat est connu pour ses critiques envers le régime.

L’année dernière, il avait déclaré que le chef de l’Etat ne devait pas se porter candidat à l’élection présidentielle prévue cette année. «Si le président Paul Biya aime ce pays, il devrait plutôt se retirer que de prêter une oreille attentive à ceux qui lui demandent de se représenter», avait dit Mgr Kleda dans une interview accordée à un quotidien privé local en décembre 2017.

Par ailleurs, il a toujours réfuté la thèse du suicide de l’évêque de Bafia défendue par les autorités judiciaires du pays, dénonçant plutôt un assassinat de Mgr Jean-Marie Benoît Bala. Ce dernier a été retrouvé mort le 2 juin 2017, à moins de 100 km de Yaoundé, la capitale. Sa voiture a été retrouvée deux jours plus tard sur le pont Sanaga, fleuve dans lequel son corps a été repêché. Sur le siège arrière du véhicule se trouvait un mot laconique écrit sur un papier à en-tête du diocèse de Bafia: «Je suis dans l’eau».

Cette mort a été au cœur d’une vaste polémique dans le pays. L’incident à l’archevêché de Douala vient ainsi faire ressurgir les fantômes du passé et relancer le débat sur les morts non élucidées de prêtres catholiques au Cameroun.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 07/05/2018 à 11h56, mis à jour le 07/05/2018 à 12h01