C’est le même scénario à la fin de l’année scolaire. Des enfants, dont de très jeunes, troquent leur uniforme scolaire pour celui de commerçant pendant les grandes vacances. Impossible de les rater dans les rues, les marchés, les grands carrefours, etc. Des plateaux sur la tête ou des marchandises dans les bras, ils arpentent les artères de la ville à longueur de journée, haranguant d’éventuels clients pas souvent très chaleureux.
C’est le cas de Michèle, 8 ans. Depuis le mois de juin dernier, elle vend des tomates au marché Acacias à Yaoundé, la capitale. «Je commence le matin vers 8h et j’arrête le soir vers 17h. Je travaille tous les jours, sauf le dimanche où ma maman me permet de me reposer», confie la jeune écolière admise en classe de Cours élémentaire deuxième année (CE2).
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C’est au lieu dit Poste centrale, en plein centre-ville, qu’Eric, 12 ans, exerce son commerce. Son plateau de friandises à la main, il slalome entre les véhicules pour proposer sa marchandise aux automobilistes et aux passagers. Et ce, au risque de se faire écraser. «Il faut être très vigilant, surtout quand le feu passe au vert. Moi, le danger, je l’ai apprivoisé!», affirme-t-il dans un grand éclat de rire. De la dextérité, cet élève dit en avoir acquis au fil des années. «Cela fait six ans que je fais du commerce pendant les grandes vacances. J’ai commencé à l’âge de 7 ans. J’ai vendu des arachides bouillis, des mouchoirs de poche et autres. Aujourd’hui, je vends des bonbons, biscuits et chewing-gums», énumère-t-il.
Ces commerçants du dimanche ont la même rengaine à la bouche, sur les raisons qui les poussent à s’adonner au commerce pendant les vacances scolaires: économiser de l’argent afin d’aider les parents à mieux préparer la prochaine rentrée scolaire. Une activité commerciale qui les prive du plaisir de profiter de vacances bien méritées après neuf mois intenses de cours. «Ce n’est pas facile de travailler et de voir les autres enfants s’amuser. Mais je n’ai pas vraiment le choix, il faut que j’aide ma mère», se désole François, 10 ans. Cette situation est mal perçue par certains parents.
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«Les vacances scolaires sont faites pour que les enfants se reposent et s’amusent. Ils peuvent donner un coup de main à la maison mais pas risquer leur vie en vendant dans la rue, parfois jusque très tard dans la nuit. C’est indigne des parents qui le font», s’offusque Huguette, maman de trois enfants. Le phénomène est également combattu par certaines associations, sans résultats probants toutefois.
Pourtant signataire de nombreuses conventions sur la protection de l’enfant -dont la Convention des Nations unies relative aux droits des enfants- qui interdisent notamment le travail des mineurs, le Cameroun peine cependant à juguler le phénomène. Au ministère des Affaires sociales dont l’une des missions est de lutter contre le trafic des mineurs, l’on affirme que des sensibilisations sont menées auprès des parents et des populations afin de mettre un terme à ce phénomène.