Cameroun. Fêtes de fin d'année: Un Noël à la saveur aigre-douce

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Le 24/12/2018 à 08h57, mis à jour le 25/12/2018 à 08h27

Dans plusieurs foyers à Yaoundé, la capitale du Cameroun, la fête de la Nativité a perdu de son goût d’antan du fait d'un contexte économique difficile. Alors même que les pouvoirs publics multiplient les actions pour lutter contre l’inflation pendant cette période.

Les marchés de Yaoundé grouillent de monde en cette veille de la Nativité. Impossible d’y faire un pas sans se faire bousculer ou marcher dessus. Parfois, il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin dans cette marée humaine venue faire des courses pour le traditionnel repas de Noël. Un Noël au goût un peu amer pour de nombreuses familles cette année.

En cause: le contexte économique difficile. Pourtant, l’administration publique et certaines sociétés privées ont payé leur personnel plus tôt, dans le but de permettre à ceux-ci de passer de belles fêtes. Mais partout, c’est plus ou moins la même rengaine: il n’y a pas d’argent.

«Je gagne 200.000 francs CFA. Avec ça, il faut habiller les enfants, leur payer des distractions pendant Noël, faire un grand repas pour que la famille puisse manger, car c’est la période où on reçoit les membres de sa famille. Sans oublier qu’il y a les factures et autres charges à gérer. Le pire, c’est que c’est aussi une période où tout augmente sur le marché. C’est une équation à vous donner la migraine», se désole Joseph, fonctionnaire.

«Nous n’avons pas prévu de grand festin comme par le passé, faute d’argent. Néanmoins, nous avons du poulet au menu pour faire au moins plaisir aux enfants», confie Madeleine, femme au foyer, rencontrée samedi dernier, 22 décembre 2018, dans le marché Acacias, à Yaoundé.

Prix maîtrisés

On comprend donc la hargne qu’elle met à négocier le prix du poulet, un produit très consommé en cette période. «Le poulet était vendu à 4500, elle me l’a laissé à 3800 francs CFA. C’est déjà ça de gagné», dit-elle, un large sourire aux lèvres. Son sourire traduit sa satisfaction d’avoir eu gain de cause après de multiples pourparlers avec la vendeuse.

C’est à contrecœur que Françoise a payé ses avocats au marché du Mfoundi, considéré comme le principal marché de fruits et légumes de la capitale. «Chaque année, on augmente les prix avec les fêtes. D’habitude, j’achète mon avocat entre 100 et 200 francs CFA. Là, le même avocat est vendu à 300 francs CFA», se plaint cette sexagénaire, dont l’avocat est l’élément phare de l'entrée de son repas de fête.

En effet, les prix flambent généralement pendant les fêtes de fin d’année, les commerçants voulant profiter de cette période festive pour réaliser un chiffre d’affaires conséquent.

Face aux velléités inflationnistes de certains commerçants, les pouvoirs publics multiplient depuis quelques années des actions afin de lutter contre la vie chère et protéger le consommateur. Tant bien que mal. Toutefois, le ministre du Commerce, à l’issue de sa tournée des supermarchés et des grandes surfaces samedi dernier, déclare «constat[er] véritablement une évolution de la grande distribution. Aujourd’hui, elle est largement ouverte à tous les consommateurs parce qu’elle a intégré le message des pouvoirs publics demandant de surveiller la promotion des produits locaux».

Cette tournée visait notamment à s’assurer que les marchés sont approvisionnés et que les prix pratiqués sont bien ceux homologués par son département ministériel. Pour contourner le problème, des mini-foires agropastorales et des marchés spéciaux ouvrent leurs portes pendant cette période en proposant des produits à des «prix maîtrisés» et une «offre abondante et de qualité».

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 24/12/2018 à 08h57, mis à jour le 25/12/2018 à 08h27