Le calme est revenu ce mardi 12 novembre 2019 à Yaoundé, la capitale camerounaise, après une manifestation des conducteurs de mototaxi.
Dans la matinée, ces derniers ont érigé des barricades sur certains axes routiers, perturbant ainsi la circulation. Mais cette manifestation a vite été étouffée par les forces de maintien de l’ordre déployées sur le terrain dans le but de contenir un mouvement d’humeur des conducteurs des engins à deux roues.
Lesquels voulaient, par cette action, protester contre la mesure limitant leur circulation dans la ville, notamment dans le centre urbain. Cette décision est contenue dans l’arrêté conjoint signé en 2012 par le préfet du Mfoundi et le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé. Celui-ci stipule notamment que la circulation des motocycles n’est tolérée que dans la périphérie de la ville de Yaoundé pour la desserte des zones enclavées.
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Dans la pratique, cette mesure est loin d’être respectée. Les mototaxis ont envahi le centre-ville de la capitale, s’illustrant par leur incivisme sur les routes. Vendredi dernier, le gouverneur de la région du Centre, Naseri Paul Bea, a sifflé la fin de la récréation en annonçant l’effectivité de cette mesure dès ce jour.
«A partir de mardi, nous allons commencer à sévir», a-t-il prévenu à l’issue d’une réunion de concertation relative à la régulation du secteur des mototaxis. Cette mesure divise cependant l’opinion publique. «Je suis à 100% pour cette interdiction. Ces gars (les moto-taximen, Ndlr) n’ont pas de permis de conduire, ne respectent pas le Code de la route, sont sales et il y a des agresseurs parmi eux», argue Carine, employée dans une grande surface.
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«Les mototaxis sont un mal nécessaire. Tous ne sont pas des brebis galeuses. Au gouvernement d’assainir le secteur. Parmi eux, il y a des jeunes qui ont des licences, voire des doctorats mais sont contraints d’exercer cette activité parce qu’ils ne trouvent pas un emploi», relativise de son côté Ferdinand, employé dans une boite d’informatique.
Maux
Pour certains, il s’agit, une fois de plus, d’un coup d’épée dans l’eau. «Ce n’est pas la première fois qu’on a essayé d’interdire quelque chose aux "benskinneurs" (nom courant donné aux conducteurs de mototaxis, Ndlr), ça a donné quoi? Rien. Ils [les autorités] s’agitent pour rien puisqu’à la fin, les gars auront le dernier mot», affirme, un brin fataliste, Gérard, gérant d’un commerce au centre-ville.
En effet, les mesures prises jusqu’ici par les pouvoirs publics peinent à réguler ce secteur, les autorités semblant négocier avec beaucoup de précautions avec ce corps social très sensible. En 2008, le Premier ministre a signé décret fixant les conditions et les modalités d’exploitation des motocycles à titre onéreux.
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A travers ce texte, les pouvoirs publics voulaient mettre de l’ordre dans les rangs d’une profession utile, mais minée de l’intérieur par de nombreux maux. Mais ce texte peine à être implémenté.
Peu de conducteurs de deux roues se sont fait recensés, très peu portent des chasubles d'identification tel que préconisé et rares sont ceux qui ont des titres d'exploitation de transport, des permis de conduire ou les documents basiques pour une moto comme l'assurance. Cette fois-ci, le gouvernement semble décidé à prendre véritablement le problème à bras le corps.
L’objectif étant notamment d’assainir l’image de la ville de Yaoundé à la veille du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2020 et de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021 qu’organise le Cameroun.