"Désormais opérationnels, les drones armés sont déployés au sein de l'opération Barkhane", a affirmé dans un communiqué Mme Parly, qui avait pris la décision en 2017 d'armer dans les deux ans les drones Reaper français en opérations extérieures.
Paris rejoint ainsi le club restreint des pays utilisant ces avions armés pilotés à distance, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et Israël.
"Leurs principales missions restent la surveillance et le renseignement, vocation première des drones, mais elles pourront aussi être étendues aux frappes", a précisé la ministre des Armées.
"Il s'agit d'une nouvelle capacité, pas d'un changement de doctrine. Les règles d'engagement des drones armés sont exactement les mêmes que celles des avions de chasse avec lesquels ils sont complémentaires".
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Cette annonce intervient quelques jours avant une visite au Niger du président Emmanuel Macron, dans un contexte de forte dégradation sécuritaire au Sahel, un terrain vaste comme l'Europe où les jihadistes multiplient les actions meurtrières, malgré la présence de 4.500 militaires français de l'opération Barkhane.
Chargés depuis 2014 d'observer sans relâche les groupes armés au Sahel et de collecter du renseignement, les trois drones américains Reaper peuvent désormais faire feu sur des ennemis identifiés, ou effectuer de premières frappes pour aider des troupes engagées au sol en attendant le renfort des avions de combat.
L'armée française, qui dispose d'un total de cinq Reaper dont deux sur le territoire national à des fins d'entraînement, va dans un premier temps armer ses drones au Sahel de bombes à guidage laser de 250 kg. Les six Reaper supplémentaires, dont Paris prendra livraison en 2020, seront équipés de missiles guidés air-sol, capables de suivre une cible mobile.
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Le parc de drones français doit monter à 12 en 2025, puis 24 en 2030.
Leur usage sera strictement encadré par la France, réaffirme le ministère. Pour ouvrir le feu, les équipages - un pilote, un opérateur capteur, un interprète d'images et un officier de renseignement - appliqueront les mêmes règles qu'un pilote d'avion ou d'hélicoptère. Les tirs seront réalisés par des militaires en opérations extérieures, et non depuis la métropole.
Le sujet est sensible, au vu des polémiques répétées entourant les campagnes de frappes menées par les Etats-Unis en Afghanistan, au Pakistan ou au Yémen, à l'aide de drones pilotés depuis le territoire américain.
Jusqu'à présent, l'armée française confiait essentiellement les manettes de ses drones à d'anciens pilotes de chasse. Mais avec la multiplication des missions et du nombre de drones, l'armée de l'Air a créé une filière de formation dédiée, à l'image des filières chasse, transport et hélicoptère.