Cameroun: à l’heure du coronavirus, la lutte contre le paludisme se fait discrète

DR

Le 29/04/2020 à 08h37, mis à jour le 29/04/2020 à 08h41

Alors que le paludisme reste la première cause de morbidité et de mortalité dans le pays, les efforts pour lutter contre cette maladie sont perturbés par la pandémie de Covid-19 qui met à rude épreuve les systèmes de santé nationaux.

Alors que la pandémie de coronavirus (Covid-19) cristallise toutes les attentions, le paludisme continue de tuer au Cameroun. «Notre pays connaît environ six millions de cas estimés et onze mille décès chaque année. Les enfants de moins de 5 ans représentent environ 60% des cas», a déclaré le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, le 25 avril dernier à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme célébrée discrètement cette année en raison de la Covid-19.

Le paludisme demeure en effet la première cause de morbidité et de mortalité dans le pays. Entre 2011 et 2019, le pourcentage des cas de paludisme parmi les maladies reçues en consultation dans les formations sanitaires du pays est passé de 25,8% à 28%, selon les données officielles. Quelque 2.628.191 cas de paludisme ont ainsi été enregistrés en 2019, contre 2.133.000 cas en 2018.

Le taux de décès est quant à lui passé de 14,3 % en 2018 à 18,3 % en 2019 au niveau national, des disparités existant entre les régions. Ce taux reste notamment élevé dans l’Extrême-Nord (36,7%), seule région du pays jusqu’à présent épargnée par le nouveau coronavirus. Le taux de prévalence du paludisme dans le pays est toutefois en baisse : 24% en 2018 contre 30% en 2013, soit une diminution de 6% en quatre ans. Une baisse à mettre à l’actif des actions menées par le gouvernement pour éradiquer cette maladie, affirme le ministre de la Santé publique.

En l’occurrence, la gratuité du traitement du paludisme simple chez les moins de 5 ans, la chimio-prévention du paludisme saisonnier chez les enfants de 3 à 59 mois, la réduction du prix du diagnostic et du traitement du paludisme simple dans les formations sanitaires, ainsi que la distribution des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA) aux populations.

L’utilisation des MILDA reste d’ailleurs la principale stratégie de prévention contre cette maladie au Cameroun, classé au 11e rang des pays les plus touchés selon le rapport mondial sur le paludisme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié en 2019.

Selon l’OMS, les décès causés par le paludisme en Afrique subsaharienne, dont au Cameroun, pourrait augmenter, car les efforts pour lutter contre la maladie sont perturbés par la pandémie actuelle. En effet, la Covid-19 est en train de mettre à rude épreuve les systèmes de santé nationaux et de poser des difficultés aux familles, aux communautés et aux pays.

Certains parents refusent par exemple d’emmener leurs enfants à l’hôpital par peur de contracter le coronavirus. Toutefois, les directives ont été formulées pour poursuivre les activités de lutte même dans ce contexte, indiquent les autorités. L’Etat a augmenté le budget consenti à la lutte contre cette maladie entre 2013 et 2019, soit près de 20 milliards de francs CFA.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 29/04/2020 à 08h37, mis à jour le 29/04/2020 à 08h41