L’association «OnEstEnsemble», qui lutte notamment contre les injustices, dénonce dans un rapport, publié en août 2020, le «manque de gratuité» des soins liés au coronavirus (Covid-19) dans des hôpitaux de référence à Douala, la métropole économique du Cameroun.
Le document de 7 pages, voué à être transmis au ministère de la Santé publique, met en lumière plusieurs dysfonctionnements sur la prise en charge des patients atteints de Covid-19 à l’hôpital Laquintinie et à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala (HGOPED). Selon le document, les soins prodigués aux personnes contaminées dans ces deux unités hospitalières sont en très grande partie laissés à la charge des patients qui doivent débourser des sommes importantes pour être soignés.
Certains sont obligés de s’endetter pour payer la facture, alors que les revenus de nombreux citoyens ont été fortement affectés par la crise sanitaire liée à la pandémie actuelle. «Plusieurs patients ont témoigné que des examens, relativement chers et à la charge du patient, étaient demandés avant de pouvoir effectuer un test Covid-19: scanner des poumons, électrocardiogramme (ECG), échographie du cœur, etc.
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La somme de ces examens atteint parfois jusqu’à 175.000 francs CFA (plus de 266 euros), que les patients doivent payer de leur poche», indique le rapport. Selon ses auteurs, ces frais ne concernent que la procédure de dépistage de la maladie. Une fois le patient diagnostiqué positif, des traitements sont administrés, engendrant de nouveaux frais.
«L’hospitalisation se prolongeant pour les cas les plus graves, les frais totaux pour qu’un malade du Covid-19 puisse se soigner peuvent s’élever à près d’un million de francs CFA (environ 1.525 euros)», poursuit le rapport. Ce, alors que le test du Covid-19 est gratuit, au même titre que le traitement, clame le gouvernement.
Le 19 juin dernier, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a réitéré le principe de gratuité, annonçant dans la foulée la mise sur pied d’une brigade mixte composée des agents de son département ministériel et de la police. Une brigade dont le rôle est de «traquer toutes les personnes et structures qui continueront de surfer sur la détresse des Camerounais pour se faire de l’argent», expliquait le ministre dans un tweet.
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Cette unité a été créée suite aux multiples plaintes relatives à la facturation des services liés à la prise en charge du Covid-19. Le rapport de l’association «OnEstEnsemble» liste également une série de recommandations pour remédier au problème.
Notamment, l’affichage de la décision ministérielle de la gratuité des soins de Covid-19 dans l’ensemble des structures médicales; la mise sur pied d’un numéro vert par lequel tous les citoyens pourront contacter la brigade mixte «pour signaler des abus»; la suppression de l’anonymat du personnel de santé avec la mise en place d’éléments d’identification visibles (macarons, broderie des noms sur les blouses…) pour limiter les abus et faciliter les dénonciations de pratiques illégales. Le Cameroun enregistre plus de 18.000 cas confirmés de contamination au Covid-19, dont 395 décès.