Cameroun: quand la suspicion entrave des campagnes de vaccination des enfants

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Le 13/10/2020 à 11h55, mis à jour le 13/10/2020 à 12h49

De plus en plus de parents s’opposent à la vaccination de leurs enfants lors des campagnes massives organisées par l’Etat. Illustration avec l’altercation qui a eu lieu dans une école de Douala, dans le cadre des Journées locales de vaccination de riposte au poliovirus circulant, de type 2.

Dans le cadre du second tour des Journées locales de vaccination (JLV) de riposte au poliovirus circulant, de type 2, a eu lieu une violente altercation entre un agent de santé et un parent d’élève. Celle-ci a été filmée et la vidéo a fait le tour des réseaux sociaux camerounais.

Le parent s’opposait à la vaccination de son enfant, lequel a été expulsé de sa classe par ce personnel sanitaire. «Les enfants qui sont dans cette école seront vaccinés. Si votre enfant ne l'est pas, vous le garderez chez vous. S’il reste en classe, je le vaccine», déclare en substance le personnel de santé. L’incident s'est déroulé dans une école primaire du quartier New-Bell, à Douala, la métropole économique.

La campagne en question a été organisée du 9 au 11 octobre 2020 dans six régions du pays (Littoral, Centre, Extrême-Nord, Nord, Adamaoua et Est). Car, «au Cameroun, de nouveaux cas de ce type de poliovirus circule dans l’environnement et chez des humains dans certaines localités des régions de l’Est, du Centre, du Littoral et du Sud depuis le mois de mars 2020», indique un communiqué de la représentation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Cameroun.

Ce, bien que comme tous les autres pays de la région africaine de l’OMS, le Cameroun ait été déclaré libre de poliovirus sauvage (PVS). «Le fait que le Cameroun soit exempt de poliovirus sauvage ne signifie pas que d’autres types de poliovirus n’existent plus ; ni qu’il n’y a plus de risque d’importation du poliovirus sauvage, car dans certaines régions du pays, le risque d’un retour de l’épidémie de polio persiste», ajoute l’OMS.

L’incident illustre les résistances des populations face aux campagnes de vaccination qui suscitent de plus en plus de suspicions.

«Les services de vaccination font face depuis un certain temps à une multiplicité de cas de réticences à la vaccination. Les théories de complot et les rumeurs sur les origines du Covid-19 en sont certainement la cause. Cette situation met aussi à l’épreuve notre façon de communiquer», se désole Dr Hassan Ben Bachire, secrétaire permanent du Programme élargi de vaccination (PEV).

«Le parent n’ayant pas été informé du passage des équipes a refusé de faire vacciner son enfant. Le personnel de santé qui supervisait l’activité dans les tentatives de l’enrôlement de l’enfant s’est confronté au refus catégorique du parent d'élève. Ce qui a abouti à cette altercation déplorable pour tous», ajoute-t-il.

L’enfant a finalement été vacciné par le gouverneur du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, descendu dans cette école, lundi 12 octobre, suite à cet incident.

Des événements qui arrivent dans un contexte où le vaccin anti papillomavirus humain (HPV) contre le cancer du col de l’utérus a été introduit dans la vaccination de routine ce lundi. Un autre vaccin boudé par les populations et pour lequel l’État camerounais a lancé une phase pilote pour son acceptabilité en 2014 et en 2016.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 13/10/2020 à 11h55, mis à jour le 13/10/2020 à 12h49