Poliomyélite. Inquiétudes: quand un vaccin oral est à l'origine du déclenchement de la maladie

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Le 26/11/2019 à 12h28, mis à jour le 27/11/2019 à 15h41

Le combat pour l’éradication de la poliomyélite risque de prendre du temps. En effet, un vaccin, administré oralement, et qui a beaucoup contribué à la baisse de cette maladie invalidante est aussi devenu une source de celle-ci. Plusieurs cas, causés par ce vaccin, ont été signalés en Afrique.

La lutte pour l'éradication totale de la polymyélite dans le monde risque d’être encore davantage compliquée par le fait que la principale arme pour combattre ce fléau devient aussi une de ses sources. En effet, un vaccin, administré oralement, qui a beaucoup joué dans la baisse de cette maladie dans le monde, semble en effet aussi lui-même devenir à l'origine de cette maladie.

Egalement appelée paralysie spinale infantile ou simplement polio, la poliomyélite est une maladie infectieuse aiguë et contagieuse, spécifiquement humaine, causée par le poliovirus sauvage. La maladie s’attaque au système nerveux. L’infection se propage par contact direct, ou par les aliments, ou encore par de l’eau contaminée par les matières fécales des sujets infectés.

Le degré de gravité de la maladie va d’une infection asymptomatique à une poliomyélite paralytique, voire au décès lorsque la paralysie touche des muscles vitaux tels que les muscles respiratoires.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), quatre pays africains viennent de signaler de nouveaux cas de poliomyélite liés à l'administration du vaccin par voie orale. Il s’agit de 9 cas, causés par le vaccin en Angola, au Congo (Brazzaville), au Nigeria et en République démocratique du Congo (RDC). 

Le problème n’est d'ailleurs pas spécifique au continent africain. Le rapport de l'OMS signale aussi que 7 autres pays ont eu des épidémies similaires, notamment en Asie.

Il s’agit de pays où la forme de vaccin privilégiée est la forme orale, sous forme de gouttes administrées aux enfants. Un procédé beaucoup moins coûteux et plus aisé, tout particulièrement pour les plus jeunes.

Seulement, contrairement au vaccin antipoliomyélitique injectable plus coûteux, contenant un virus inactif et donc incapable de causer la maladie, largement utilisé dans les pays développés, dans d'autres pays, on continue à utiliser ce vaccin sous sa forme orale, dans lequel le virus vivant peut se transformer en une forme capable de causer la maladie et d’entrainer de nouveaux foyers d'infection. 

Et bien que de rares cas aient d'ores et déjà été signalés, le fait que le virus vivant administré dans le vaccin antipoliomyélitique oral puisse se transformer en une forme capable de déclencher de nouveaux foyers, inquiète grandement. 

D’ailleurs, l’Observatoire indépendant de surveillance chargé de veiller à l’éradication de la maladie, a récemment tenu à alerter les autorités sanitaires des pays concernés, et souligne que le virus de la maladie dérivée de ce vaccin «se propaget sans contrôle en Afrique de l’Ouest, brisant les frontières géographiques et soulevant des questions fondamentales pour l’ensemble du processus d’éradication».

En conséquence, l’OMS reconnaît que «le travail de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite ne se terminera pas une fois que celle-ci aura été éradiquée. Des activités seront nécessaires pour réduire au minimum les risques de réintroduction du poliovirus et l’émergence d’un poliovirus en circulation dérivé du vaccin (PVDVc)». Visiblement, on est encore loin de l’objectif de l'éradication totale de la poliomyélite dans le monde, tout particulièrement en Afrique. 

Par Kofi Gabriel
Le 26/11/2019 à 12h28, mis à jour le 27/11/2019 à 15h41