A Douala, la métropole économique camerounaise, les populations s'organisent comme elles peuvent afin de faire face au retour de l'insécurité. Celle-ci se manifeste notamment par les opérations des gangs armés qui se sont intensifiés ces derniers jours dans la ville. De nombreux quartiers populaires ont été visités : Nkolmintang, Ndokoti, Ange Raphaël, Deïdo, etc.
Compte tenu de leur degré de nuisance, les assaillants sont surnommés des «microbes» par les populations. Ils agissent en groupes de plusieurs dizaines de personnes à la fois, équipées d'armes blanches (gourdins, machettes, couteaux) et agressent généralement le long de la voie publique.
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Passants, commerces, domiciles privés... rien de résiste à leur passage. Des descentes qui créent généralement des mouvements de panique chez les habitants des quartiers ciblés, entraînant également des victimes collatérales. Parfois, il s'agit pour ces brigands de venger un des leurs, victime des forces de l'ordre, des populations ou d'une bande rivale dans un quartier. On parle alors du phénomène de «retour». Et, à l'occasion, les organisateurs de la vendetta pillent.
«Ils le font sous le coup des drogues qu’ils consomment. On ne peut pas imaginer qu’un citoyen normal s'arme d'une machette pour aller agresser un autre citoyen. Ça relève de l’instinct animal. Cet instinct ne va pas prospérer», déclare Benjamin Mboutou, le préfet du Wouri, dont dépend Douala.
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Les dernières exactions des brigands ont entraîné une réponse énergique des autorités administratives et sécuritaires. Au moins une cinquantaine de personnes ont été interpellées dans les différents quartiers. «Concernant ces bandits qui sèment la terreur dans la ville, leur récréation est terminée. Celui qui se rendra complice ou auteur de ces agissements en paiera le prix selon la loi », a déclaré le gouverneur du Littoral, Samuel Ivaha Diboua.
Par ailleurs, les autorités en appellent à la coopération des populations pour dénoncer ces agissements. Sur place, dans les quartiers, on s'organise comme on peut. A Deïdo, dans le 3e arrondissement de Douala par exemple, des jeunes du quartiers sillonnent les rues pour interdire l'accès aux motos-taxis, soupçonnés de collaborer avec ces malfrats.
Ailleurs, les habitants mettent en place ou réactivent des comités de vigilance pour aider au renseignement des autorités sur des mouvements suspects. Ils érigent parfois des barrières de sécurité pour filtrer les accès aux heures tardives.
«Notre quartier figurait dans la liste des quartiers les plus dangereux de la ville. Sous la conduite du chef, un comité de vigilance a été mis sur pied. Nous avons recensé les jeunes volontaires pour assurer la sécurité du quartier. Jusqu’aujourd’hui, nous avons les fruits de ce travail parce qu’on n'enregistre plus des cas d'agressions et de braquages comme par le passé», renseigne Robert Ndjandja, secrétaire à la chefferie du quartier Nkolmintag.