«Bonjour Madame, venez voir mes sapins. Ils sont tous beaux, pas cher…» Sourire commercial aux lèvres, Jovial invite les passants à acheter ses conifères qui trônent majestueusement au milieu des guirlandes et autres décorations de Noël.
Ce jeudi 17 décembre 2020, ce n’est pas la grande affluence devant le stand du jeune vendeur installé à même la chaussée au Marché central de Yaoundé, l’un des espaces marchands incontournables pour l’acquisition des ornements de Noël et des jouets en période de fêtes de fin d’année dans la capitale. «Le marché est dur», lâche-t-il, en guettant du coin de l’œil un potentiel client.
Mais les clients se font rares. Un peu trop rares, clament en chœur les vendeurs. «C’est généralement à cette période que nous réalisons notre plus gros chiffre d’affaires. Mais là, tout est sec», confie Joël, transformé en vendeur saisonnier de sapins. Le sapin est devenu, en quelques années, la «star» des fêtes de fin d’année, scintillant désormais dans les maisons les plus nanties comme dans d'autres, plus modestes.
Lire aussi : Vidéo. Sénégal: la deuxième vague de Covid-19 grippe le traditionnel marché de Noël
Ici, les prix des sapins oscillent entre 10.000 et 25.000 francs CFA, le client ayant la possibilité de marchander pour obtenir un rabais. Mais cette année, la pandémie du coronavirus (Covid-19) est venue bousculer les habitudes. «Le Covid est venu tout gâté. Les gens n’ont plus d’argent», se désole un autre vendeur, occupé à classer sa marchandise pour tuer l’ennui.
Le pouvoir d’achat des Camerounais a en effet été fortement impacté par la crise sanitaire. Près de 62,7% des ménages ont vu leur niveau de vie baisser depuis le début de l’épidémie le 6 mars dernier dans le pays, selon une étude menée par l’Institut national de la statistique (INS) en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Lire aussi : Cameroun: après Noël et le réveillon, les Camerounais atteints du syndrome de la «Janviose»
L’enquête, publiée début juin, révélait également que 74% de Camerounais ont été confrontés à un ralentissement de leur activité et 65% ont vu leur revenu baisser. «On espère qu’avec les salaires des fonctionnaires qui seront payés d’ici le 20 décembre, les choses vont un peu bouger pour nous», affirme, un brin optimiste, Joël. Un espoir nourri par tous ses congénères…