Ce n'est que ces dernières années qu'en Europe certains pensent que les insectes peuvent être une option de rechange aux protéines animales afin de soulager la planète des impacts climatiques délétères de la production de viande à grande échelle. En ce domaine, l'Afrique et l'Asie ont donc une certaine longueur d'avance sur le reste monde, au grand bonheur des papilles de millions de fin connaisseurs. C'est en particulier le cas au Niger.
Dans ce pays, le mois d’octobre marque généralement la fin de l’hivernage et... l’abondance des criquets. Un tour sur les marchés de la ville de Niamey permet d’observer les importantes quantités de cet insecte provenant généralement de l’intérieur du pays.
Chérifa Moussa est une jeune femme, la trentaine, et depuis quelques années, elle fait de la préparation et de la commercialisation du criquet une activité à temps plein dans la capitale.
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Tout démarre par l’approvisionnement en matière première à l’intérieur du pays selon Cherifa. "Les criquets que j’ai actuellement proviennent de Tera à l’ouest du pays", confie-t-elle. Après l’achat, elle fait "nettoyer, puis commence la cuisson et l’assaisonnement avec de nombreux ingrédients".
Cherifa a choisi un emballage moderne pour ses produits. Le criquet qu’elle commercialise est non seulement vendu dans les grandes surfaces du Niger, mais il est aussi exporté dans les pays de la sous-région et au-delà à l'en croire.
«A Niamey, beaucoup viennent commander à la boutique et nous faisons aussi des livraisons. En plus de cela nous exportons vers le Mali, la Côte d’ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso pour ce qui est de l’Afrique, et aussi en France et en Belgique», explique la jeune cheffe d'entreprise.
Comme Cherifa, nombreux sont ces hommes et femmes qui ont fait du criquet une activité lucrative et génératrice de revenus.
Au Niger, le criquet est un aliment classé dans la catégorie de produits de forte consommation. Une tasse est vendue à 900 FCFA actuellement sur le marché, soit environ de 2 dollars américains. En cette période, la clientèle se fait de plus en plus nombreuses, ce qui fait les affaires de Issiakou Zakari, commerçant de criquets au marché de Katako de Niamey.
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«En cette période d’abondance, nous pouvons recevoir environ 200 sacs de criquets par semaine. Le prix du sac varie entre 35.000 fcfa et 45.000 fcfa. C’est un produit vraiment sollicité», poursuit-elle.
Si les Nigériens en sont friands, c'est sûrement parce qu'au-delà d'être délicieux en bouche, c'est aussi un mets riche. Selon le nutritionniste Abdoul Razak Bello, le criquet contient plusieurs valeurs nutritives intéressantes. «La FAO fait la promotion de la consommation du criquet à cause de ses valeurs nutritives. 100 grammes de criquet contiennent 30% de protéines. En plus des protéines, le criquet contient des vitamines et des sels minéraux», explique-t-il.
Sur les 8 régions que comptent le Niger, 5 en produisent en grande quantité. Ce qui permet de couvrir les besoins au niveau national et d'assurer une petite exportation.