Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au 29 novembre, 142.913 personnes, sur une population totale de près de 90 millions d'habitants en RDC, ont reçu au moins une dose (0,16%), 56.167 sont complètement vaccinées (0,06%).
Début mars, la réception de 1,7 million de doses d'AstraZeneca via le mécanisme Covax, mis en place pour fournir des vaccins aux pays pauvres, avait pourtant été saluée et médiatisée.
Mais juste après, plusieurs pays européens annonçaient la suspension de leurs campagnes de vaccination avec ce sérum britannique, soupçonné d'avoir provoqué de rares mais graves problèmes sanguins.
"J'avais des doutes"
A Kinshasa, les autorités reportaient à mi-avril le début de la vaccination avec l'AstraZeneca, seul vaccin disponible à cette époque dans le pays. Et dans le même temps les rumeurs inondaient les réseaux sociaux, affirmant que le vaccin rendait stérile, qu'il s'agissait d'utiliser les Africains comme "cobayes" ou même de les tuer avec ce supposé remède au coronavirus, perçu comme une "maladie de Blancs" importée au Congo par des voyageurs.
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Le coup de grâce est venu du président lui-même, Félix Tshisekedi, qui s'est montré très méfiant à l'égard de l'AstraZeneca et l'a fait savoir. "Je crois avoir eu raison de ne pas me faire vacciner... J'avais des doutes", dira-t-il, assurant attendre d'autres vaccins pour sauter le pas.
Le démarrage de la vaccination a été tellement timide qu'il s'est vite avéré que les 1,7 million de doses, d'une durée de vie de quatre mois, allaient atteindre leur date de péremption.
Le mécanisme Covax a donc dû trouver en urgence d'autres pays africains plus réceptifs à l'AstraZeneca, vers lesquels 1,4 million de doses ont été expédiées, explique le Dr Geneviève Begkoyian, responsable santé de l'Unicef en RDC.
Le temps de trouver d'autres vaccins, très demandés par des pays qui, eux, vaccinaient beaucoup, une pénurie a suivi, pendant plus d'un mois, jusqu'à l'arrivée de stocks de différents vaccins. C'est alors, mi-septembre, que Félix Tshisekedi a reçu sa première dose devant les médias officiels.
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Depuis quelques semaines, le président, manche de chemise relevée, apparaît sur des affiches en train de recevoir sa piqûre avec ce message: "Je me suis fait vacciner, faites comme moi".
"C'est normal, le président montre l'exemple", commente sur un parking un jeune laveur de voitures, qui ne s'est "pas encore" fait vacciner. La plupart des passants interrogés disent la même chose. Ce n'est pas un "non" catégorique, mais ils attendent de voir...
"Pas les mêmes"
L'épouse d'Emmanuel, officier de police judiciaire de 62 ans, s'est fait vacciner en France, où elle travaille. Le vaccin ne l'a pas rendue malade, mais son mari n'est pas convaincu. "Il se raconte que les vaccins en Europe ne sont pas les mêmes qu'ici...", explique-t-il.
Fabrice, lui, étudiant en architecture de 21 ans, se fera vacciner car il a "des projets de voyage au Canada". Sans cette obligation, il ne se ferait pas vacciner. "Parce que d'après moi, le Covid n'existe pas", lance-t-il, affirmant ne connaître personne qui l'ait attrapé.
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Peu nombreux par rapport à la moyenne mondiale, il y a pourtant eu en RDC des cas et des morts avérés - 58.306 cas confirmés, 1.107 décès - sans qu'on soit très sûr du nombre exact de personnes touchées, puisque selon l'OMS, six infections par le Covid-19 sur sept ne sont pas détectées en Afrique.
Mais rien qui ait donné une impression de déferlante mortelle.
"La maladie qui tue le plus en RDC, c'est la malaria", souligne le Dr Begkoyian, avec quelque 20.000 morts par an. De plus, quand le Covid-19 est arrivé, le pays était aussi confronté à Ebola, à la rougeole - 6.000 enfants sont morts de rougeole en 2019 en RDC - à la fièvre jaune, à la polio, au choléra, sans parler de la malnutrition et de la pauvreté en général.
Ces derniers temps, un frémissement est perçu dans certaines villes, des spots sont diffusés dans les médias, un vaccinodrome a été installé lundi à Kinshasa. Mais on est encore loin du compte.
Le pays dispose actuellement de plus d'un million de doses de différents vaccins encore en stock, qui ne demandent qu'à être distribuées au fin fond des 26 provinces. Seules 11 d'entre elles ont reçu quelque 900.000 doses. Le défi est de taille, pour convaincre et vacciner très vite, si on veut éviter d'avoir à céder ou jeter encore une fois par milliers des vaccins périmés.