L'hélicoptère s'est écrasé alors qu'il effectuait une mission de reconnaissance au-dessus d'une zone de l'est du pays, au Nord-Kivu, où de violents combats opposaient depuis la veille l'armée congolaise aux rebelles du M23 ("Mouvement du 23 mars").
Les Forces armées de RDC ont rapidement accusé les rebelles d'avoir abattu l'appareil. Le M23 a démenti, en accusant au contraire l'armée d'être responsable du crash. La Monusco, qui a retrouvé les débris du Puma et ramené à sa base de Goma les corps de ses Casques bleus (six Pakistanais, un Russe et un Serbe), ne se prononce pas.
Mais les premières indications font état d'un "objet lumineux", dont la nature reste à déterminer, qui aurait atteint l'hélicoptère et causé le crash, a déclaré sur Radio France Internationale Khassim Diagne, représentant spécial adjoint pour la protection et les opérations au sein de la Monusco.
Lire aussi : Un militaire tué dans le crash d'un Mig 29 à l’Ouest de l’Algérie, la série noire continue
"Je confirme", a indiqué à l'AFP Ndèye Khady Lo, porte-parole adjointe de la Mission de l'ONU. La cause du crash semble donc "extérieure" mais, selon elle, il est "prématuré" d'en conclure que ce n'est "pas un accident". "Nous n'excluons aucune piste", a dit M. Diagne, y compris "la piste d'une attaque contre cet hélicoptère".
Ce crash est survenu alors que l'armée congolaise, après plusieurs mois de soupçons et des décennies de relations de méfiance, venait d'accuser le Rwanda de soutenir la rébellion du M23, affirmant même avoir capturé deux militaires rwandais lundi dans la région des combats, dans le territoire de Rutshuru, frontalier de l'Ouganda.
"Le M23 est à côté"
Kigali a tout fermement démenti, assurant que ces deux hommes, capturés il y a plus d'un mois, ne faisaient pas partie de son armée et récusant tout soutien aux rebelles.
Le M23, également appelé "Armée révolutionnaire congolaise", est issu d'une ancienne rébellion tutsi congolaise jadis soutenue par le Rwanda et l'Ouganda. Défait en 2013, le M23 fait de nouveau parler de lui depuis novembre, attaquant des positions militaires et reprochant à Kinshasa de n'avoir pas respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.
Lire aussi : RDC: les casques bleus traquent les ADF qui tuent les civils dans le "Triangle de la mort"
Mercredi matin, selon des sources locales interrogées depuis Goma, un calme relatif régnait dans la région. Le M23 occupe toujours des positions conquises depuis la nuit de dimanche à lundi, dont Tchanzu et Runyoni. La ville de Bunagana, à la frontière ougandaise, reste sous le contrôle de l'armée congolaise, mais le M23 tient une partie de la route menant vers Goma.
Quelques habitants qui avaient fui leurs maisons tentent de regagner leurs villages, y compris ceux occupés par les rebelles.
"Nous sommes revenus pour protéger nos biens car des voleurs pillent nos maisons", témoigne Jean-Paul Mazirane, un habitant du village de Tchengerero. "Le M23 est à côté, sur une petite colline", dit-il. "Nous avons encore peur... Mais quelques personnes ouvrent leurs boutiques, afin que les gens achètent du sel, du savon...".
"A Kabindi, les éléments du M23 se sont retirés cette nuit vers 03H00 du matin", témoigne également Jean de Dieu Uwimana Bakara, qui réside dans cette localité du territoire de Rutshuru.
Lire aussi : Vidéo. Enième crash d'aéronef, l'Algérie bat son triste record
Le colonel congolais Honoré Rindugu, commandant du régiment stationné à Bunagana, affirme quant à lui que "l'ennemi manoeuvre pour venir attaquer via la forêt". Selon lui, il y a eu mardi dans les rangs des rebelles trois morts dans le secteur et une quinzaine d'autres capturés côté ougandais.
Les armées congolaise et ougandaise collaborent dans la lutte contre le M23 dans ce secteur, a-t-il assuré, comme elles coopèrent plus au nord dans la lutte contre un autre groupe rebelle, les ADF (Forces démocratiques alliées).
Le colonel Muhindo Lwanzo, directeur de cabinet de l'administrateur du territoire de Rutshuru, a de son côté reconnu que deux officiers congolais avaient été tués dans les combats.
L'est de la RDC est en proie aux violences de nombreux groupes armés depuis plus d'un quart de siècle. La mission de l'ONU a été créée en 1999 dans le pays sous le nom de Monuc (Mission de l'ONU en RDC), devenue en 2010 Monusco (Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC). Son effectif total est actuellement d'environ 17.000 personnes.