Encore un aéronef qui s'écrase en Algérie, l'énième d'une série noire qui ne cesse de faire des victimes. Ce mercredi 16 décembre 2020, un hélicoptère "de type MS-25 Merlin, relevant du Commandement des Forces navales" algériennes s'est encore écrasé, faisant au moins un mort, parmi les trois officiers qui étaient à bord de l'appareil, selon un communiqué du ministère algérien de la Défense.
Le crash a eu lieu au large de Bouharoune, ville située dans la wilaya de Tipaza, "lors d'une mission de vol d'entrainement technique".
Les deux autres qui étaient aux commandes sont portés disparus et les recherches les concernant sont toujours en cours sur les lieux de l'accident, c'est-à-dire en pleine mer à "2 milles marins des côtes". Comble de l'ironie, l'hélicoptère vicitime de l'accident est aussi un appareil militaire de recherche et de sauvetage.
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L'Algérie et les crashs d'avions, d'hélicoptères ou même de drones, c'est une très longue histoire qui fait du pays d'Afrique du nord le détenteur d'un triste record. Le 25 juin dernier, près de la base aérienne de Bir Rogaa dans la wilaya d’Oum el-Bouaghi, à 500 kilomètres d'Alger, c'est un drone d'attaque de type CH-4, de marque chinoise, qui avait crashé vers la frontière avec la Tunisie. L'armée perdait ainsi le troisième appareil de ce genre depuis qu'elle a commencé à s'équiper en Unnamed aerial vehicule (UVA).
Au cours des dernières années, les crashs se sont malheureusement multipliés. La plaie est encore béante pour des centaines de familles endeuillées suite à la catastrophe de Boufarik en 2018 qui avait fait 257 morts, parmi lesquels figuraient des dizaines de membres du Polisario.
Evidemment, aussi graves que soient ces accidents, c'est toujours une histoire de petit meurtre entre amis. On s'arrange pour que les résultats de l'enquête ne soient pas connus du grand public. Deux ans après le crash de Boufarik, rien n'a filtré sur les responsabilités des uns et des autres. Même le nombre exact et l'identité des victimes restent secret.
Malheureusement, la liste des accidents n'a cessé de s'allonger depuis. Au total, six autres crashs d'appareils ont eu lieu dans ce laps de temps, soit une moyenne d'un avion tous les trois mois.
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Au cours des vingt dernières années, le décompte porte sur une vingtaine d'accidents ayant fait plus de 400 morts. Un taux élevé, au-delà du fait que ces chiffres sont probablement minorés par les autorités militaires et civiles algériennes. A côté du record détenu par Boufarik en 2018, il y a également Oum El Bouaghi quatre ans plus tôt avec ses 74 victimes déclarées.
Force est de constater que dans les autres pays d'Afrique du Nord, dont la flotte est comparable, les décès sont nettement moins nombreux. Par exemple, en 20 ans, l'armée marocaine n'a perdu qu'une vingtaine d'appareils suite à des accidents avec quatre fois moins de décès que l'Algérie.
L'Egype, dont la flotte militaire est la plus importante du continent et même la dixième dans le monde, ne compte, quant à elle, qu'une quarantaine de décès, soit dix fois moins que l'Algérie. L'Algérie et le Maroc disposent à peu de chose près du même nombre d'appareils. L'Egypte, dispose quant à elle, de beaucoup plus d'avions militaires que l'Algérie et comptabilise un nombre d'heures de vol nettement plus important.
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C'est dire que ces chutes ne s'expliquent que par l'état désastreux dans lequel se trouvent les appareils militaires algériens faute d'entretien, mais aussi à cause d'une série de décisions douteuses au moment de leur acquisition. Par exemple, là où l'Egypte et le Maroc ne prennent aucun risque en optant quasi systématiquement pour le neuf, selon le journal Mena Defense qui publiait un article en avril dernier sur le sujet, l'Algérie achète volontiers d'occasion pour grappiller quelques milliers dollars. C'est le cas notamment avec l'achat vers la fin des années 1990 de Mig 29 d’occasion ukrainiens et biélorusses qui avaient au bas mot une dizaine d'années de service, puisqu'ils étaient sortis d'usine en 1987. Quelques années après, six de ces appareils avaient déjà crashé et des pilotes avaient perdu la vie.
Enfin, il faut aussi dire que la formation des pilotes algériens laisse à désirer. Toujours selon Mena Defense qui a analysé les nombreux accidents survenus dans cette période, le facteur humain pèse pour 45% dans la cause des accidents.
Quoi qu'il en soit, cette hécatombe pose questions, aussi bien sur la qualité des appareils acquis, leur entretien et leur maintenance, que sur la formation des pilotes et le respect des normes pour faire voler les avions. On ne note jusqu'à présent aucun signe d'amélioration dans ces domaines et force est de constater que les drones sont eux aussi entrés dans ces tristes statistiques