Les Burkinabè sont entrés de plain-pied dans les préparatifs de l'Aïd el-Fitr, en particulier les femmes, pour qui cette fête est une occasion de se faire toute belle. Ainsi, nombreuses sont celles qui attendent ce jour sacré pour arborer leurs plus belles tuniques en bazin, une étoffe à base de coton teintée artisanalement.
«C’est un tissu qui symbolise beaucoup de choses. Surtout pendant les jours de fête, si tu mets ça, ça prouve que c’est ramadan, c’est joli», explique Delphine Diallo, promotrice d’un salon de couture pour femmes.
Cette année, la fête se déroule dans un contexte de crise économique et de hausse des prix des denrées alimentaires. Si parmi les femmes, certaines font l’effort de s'approvisionner en bazin, toujours est-il que ce n’est pas la grande affluence dans les magasins.
Lire aussi : Mauritanie: à l'approche de l'Aïd el-Fitr, les couturiers submergés par des commandes tardives
Promotrice d’une boutique de vente d’accessoires pour femmes, Marie-Jeanne Santi déplore cette situation: «Cette année, le marché ne se porte pas très bien. On n'a pas cette habitude. On se dit que c’est sûrement dû à la situation sociopolitique.»
Si beaucoup de Burkinabè doivent lutter pour se nourrir copieusement le jour de la fête, ils auront aussi à le faire pour s’habiller. En effet, les prix des tissus et autres accessoires ont augmenté, conséquences de la crise de Covid-19 et de l’inflation mondiale.
«Ça coûte bien sûr un peu cher. Parce qu’il y avait la fermeture des frontières due au Covid-19. Il y avait aussi la fermeture de la frontière avec le Mali, un pays par lequel nos articles transitent. Donc, naturellement, les produits sont devenus un peu plus chers parce le transport est devenu plus cher», soutient Marie-Jeanne Santi.
Lire aussi : Aïd el-Fitr: quand les parents sénégalais s’oublient pour combler leurs enfants
Dans les ateliers de couture également, les promotrices évoquent la cherté de la vie. L’impact est si amplifié que les clientes se font rares. «Vous voyez, c’est plein de coutures de nos clientes. On coud leurs tenues, mais elles ne viennent pas les chercher. Les gens croient qu’il y a de l’affluence, mais ce n’est pas le cas en réalité», fait remarquer Delphine Diallo.
Aujourd’hui, les restrictions liées à la crise de Covid-19 ont été levées dans la plupart des pays. Les Burkinabè se remettent progressivement de l’onde de choc économique que cette pandémie a suscitée. En plus du bazin, un nouveau tissu, le brocart, ravit de plus en plus de femmes burkinabè.