Projets alternatifs de protection de la biodiversité au Cameroun: les communautés des zones forestières déçues

VidéoLe besoin de protéger la faune et la flore est évident dans les régions du Sud et de l’Est du Cameroun, mais les projets alternatifs à l’endroit des communautés locales ne sont pas adaptés à leurs exigences et leurs attentes.

Le 06/06/2022 à 08h18, mis à jour le 06/06/2022 à 08h19

Le gouvernement du Cameroun et ses multiples partenaires, notamment le WWF, Rainforest, le centre pour l’environnement et le développement et bien d’autres, sont dans la logique de lutter efficacement contre le braconnage et la déforestation dans les zones forestières du pays. Mais cette bataille se heurte à les projets alternatifs très peu adaptés aux exigences des communautés locales, fortement impliquées dans la destruction de la faune.

Dans les régions forestières de l’Est et du Sud par exemple, et précisément dans les localités de Ngoyla, Messok, Mintom et Djoum, le projet de conservation conjointe des aires protégées du Cameroun, du Gabon et du Congo a tenté d’amener les populations locales à s’intéresser à d’autres activités agropastorales telles que l’élevage, l’agriculture et la pisciculture.

Le projet Ngoyla-Mintom de la réserve forestière du grand Sud avait aussi trouvé un cadre dans la même perspective, mais les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Pourtant des sites avaient été aménagés, des intrants distribués aux nécessiteux et des budgets alloués aux personnes intéressées.

Dans ces localités, les populations accusent les promoteurs desdits projets d’avoir unilatéralement décidé des détails des chantiers. «Ils sont arrivés dans notre village, nous ont réunis et dit ce que nous devons désormais mener comme activités. Ils avaient déjà décidé sur les surfaces à cultiver pour les projets agricoles, l’étendu des lacs pour la pisciculture et le nombre de poulets à élever. Nous n’avions plus rien à faire que d’accepter leur décision», nous a confié le chef de village de Ngoyla.

Pour lui, aucun de ces projets n’a réussi, non pas par manque de volonté des populations, mais parce que personne n’a été capable de s’adapter aux exigences des donateurs. Pire, aucun bénéficiaire n’était réellement assisté. «Les techniciens qu’ils avaient mis à notre disposition étaient presqu’absents et les populations se débrouillaient à leur guise», renchérit un autre représentant de ces bénéficiaires visiblement remonté contre cette situation.

Et un autre d’ajouter que «même le projet de classification de notre forêt en forêt communautaire n’a pas abouti». Les communautés sont ainsi abandonnées à elles-mêmes, selon leurs témoignages. Pour les autorités, la suspension des activités du TRIDOM est due à d’autres réalités qui trouveront bientôt des solutions.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 06/06/2022 à 08h18, mis à jour le 06/06/2022 à 08h19