Cameroun: plus de veuves que de veufs, qu'est-ce qui tue les hommes dans les foyers?

VidéoLes hommes camerounais meurent plus tôt que leurs femmes dans les foyers. Une situation qui embarrasse plus d’une personne quand on sait que l’homme est considéré comme le chef de la famille selon la culture africaine. Qu’est-ce qui serait donc à l’origine de la mort précoce des maris au Cameroun?

Le 30/06/2022 à 15h14

La question taraude les esprits depuis belle lurette. Les maris meurent généralement avant leurs épouses. Qu’est-ce qui pourrait être à l’origine d’une telle situation? Les hommes de science s’accordent à dire que l’espérance de vie de la femme est plus considérable que celle de l’homme, les deux pris à un âge égal. En d’autres termes, au vu des données scientifiques, les femmes sont supposées vivre plus longtemps que les hommes indépendamment d’un foyer conjugal. Il serait donc logique de comprendre aisément la situation qui prévaut dans les foyers conjugaux. Pire encore, en Afrique, l’homme est généralement plus âgé que son épouse.

Mais dans les rues de la ville de Yaoundé, cette hypothèse est littéralement bottée en touche, surtout par la majorité des hommes qui estiment que la mort précoce de l’homme au foyer provient fréquemment de sa femme. Car selon eux, il est difficile pour un homme de vivre paisiblement dans sa concession à cause des nombreuses misères auxquelles il fait face au quotidien. Des misères dues entre autres, aux abondantes difficultés de sa conjointe. Et c’est malheureusement à ces moments précis qu’il doit peaufiner des stratégies pour être à la hauteur des taches familiales qui lui sont dévolues.

D’autres hommes soutiennent que c’est la jalousie possessive de certaines femmes qui élimine leurs époux. «Une femme qui veut à tout prix garder son mari à elle seule passera par les charlatans pour le charmer et les potions qu’elle fera manger à ce dernier précipiteront sa mort», tel est l'avis d’un citoyen, qui ajoute que les femmes sont prêtes à tout faire pour garder leurs maris. Une dernière vague évoque le cas des veuves soigneuses, qui ont précipité la mort de leurs conjoints pour paisiblement gérer leurs richesses.

Face à ces avis, les femmes rencontrées dans les rues de la capitale politique s’inscrivent en faux. Pour elles, l’infidélité de l’homme est au centre de sa mort précoce. Elles semblent crier en chœur: «Le jour où l’homme sera fidèle à une femme, il ne mourra plus précocement.»

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 30/06/2022 à 15h14