«Je viens d’un pays, Sao Tomé-et-Principe, où l’une des îles, à savoir Principe, fait partie de la réserve mondiale de la biosphère. Cependant, même cette réserve est menacée, 4% de la superficie des terres ont été engloutis par l’élévation du niveau de la mer en raison du réchauffement climatique», a rappelé le président de Sao Tomé-et-Principe.
«Mes compatriotes endurent le tribut d’une crise climatique à laquelle ils n’ont pas participé», a, quant à lui, souligné le président malgache Andry Rajoeline, en marge du sommet de la COP26 qui se tient actuellement à Glasgow, en Ecosse, faisant allusion à la première famine qui frappe Madagascar et qui est directement imputée au changement climatique.
Une chose est sûre, face aux conséquences du changement climatique, l’Afrique demeure la grande impactée. Faiblement pollueur en contribuant à moins de 3% des émissions de CO2 du monde, le continent est aujourd’hui durement touché par les effets néfastes de ce changement climatique avec des successions d'inondations, de sécheresses, de cyclones, de dégradation et d'érosion des sols.
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Ainsi, les dirigeants du continent ont haussé le ton à Glasgow, en mettant l’accent sur le fait que le continent, première victime du réchauffement climatique, est le plus faible pollueur, exigeant des financements pour atténuer l’adaptation à ces changements climatiques.
Et selon Patrick Verkoojien, président du Global Center on Adaptation (GCA), organisme dépendant de la Banque africaine de développement (BAD), les besoins financiers globaux des pays africains se chiffrent à 33 milliards de dollars par an.
Et alors que les pays développés, qui sont aussi les plus grands pollueurs du monde, avaient promis 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique, le continent africain n’a reçu que 26% de ces financements, soit 18,5 milliards de dollars par an.
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La COP26, ouverte le 31 octobre et qui va se poursuivre jusqu’au 12 novembre, a ainsi été l’occasion pour les pays africains de revendiquer un soutien plus conséquent afin de pouvoir faire face aux conséquences du changement climatique et de les soutenir dans leur transition énergétique vers les énergies renouvelables.
Et on peut dire que si des engagements financiers ont été pris au profit de certains pays africains lors de cette COP26, avec des engagements de financement conséquents pour l’Afrique du Sud, la Grande Muraille verte et le Bassin du Congo, on est très loin des besoins annuels réels du continent.
Parmi les plus importantes promesses faites à Glasgow au profit des pays du continent, il y a donc celle faite à l’Afrique du Sud, le plus grand pollueur à cause de ces centrales à charbon dont le pays est le 7e grand producteur mondial. Le charbon, très polluant, représente 91,6% de la production d’énergie et 75,5% de la consommation d’énergie primaire du pays. Ainsi, en 2018, les émissions s’élevaient à 7,41 tCO2 par habitant en moyenne, un niveau supérieur de 68% à la moyenne mondiale et 7,6 fois supérieur à la moyenne africaine, à cause de la prépondérance du charbon dans le bilan énergétique du pays. Et selon Power Africa, en 2020, sur une capacité électrique installée de 58.095 MW, 48.380 MW, (soit 80%) sont produits à partir de centrale à charbon.
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Ainsi, lors de la COP26, plusieurs grandes nations ont annoncé des soutiens afin d’extraire l'Afrique du Sud du tout charbon, considéré comme l’ennemi lors de cet évènement. Ces pays se sont engagés à hauteur de 8,5 milliards de dollars en faveur de la transition énergétique sud-africaine. Cette promesse a été faite par les Etats-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.
Avec ce soutien, les pays développés comptent aider l’Afrique du Sud à accélérer la fermeture de ses centrales à charbon et à entamer sa transition vers les énergies renouvelables. Selon les termes de l’accord signé entre l’Afrique du Sud et les pays occidentaux, le pays arc-en-ciel recevra des fonds versés sous forme d’instruments financiers comprenant des subventions publiques, des prêts concessionnels et des instruments de partage des risques destinés à mobiliser le secteur privé, sur une période de 3 à 5 ans. Selon les bailleurs de fonds, «ce partenariat devrait permettre d’éviter jusqu’à 1 à 1,5 milliard de tonnes d’émissions au cours des 20 prochaines années et aider l’Afrique du Sud à abandonner le charbon et à accélérer sa transition vers une économie à faibles émissions et résiliente au changement climatique».
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Outre l’Afrique du Sud, la Grande Muraille verte, un projet de reforestation d’une vaste bande de terre touchant 11 pays africains -Gambie, Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Nigéria, Tchad, Soudan, Ethiopie, Erythrée et Djibouti- de la région Sahel, a bénéficié d’un financement de 1 milliard de dollars de la part de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon. Le second homme le plus riche de la planète avait annoncé, lundi 1er novembre, que sa Fondation «prendrait demain un engagement d’un milliard de dollars pour la restauration des terres, principalement en Afrique». Cet engagement entrant dans le cadre de la volonté d’accélérer la reforestation d’une bande de terre allant de l’Afrique de l’Ouest à la corne de l’Afrique en passant par la région du Lac Tchad, soit une bande de 7.700 km de long et 15 km de large. Ce projet vise à lutter contre la désertification et le réchauffement climatique et à préserver la biodiversité, mais aussi à créer des emplois au niveau de la région.
Rappelons que cet important projet, lancé en 2007, a reçu un coup d’accélérateur lors du One Planet Summit de Paris en janvier 2021 en obtenant des promesses de financement de plus de 19 milliards de dollars.
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Les retombées de cet ambitieux programme auront des impacts importants sur la planète. En plus de la séquestration de 250 millions de tonnes de carbone, la réalisation de la Grande Muraille verte permettra la création de 10 millions d’emplois grâce à la restauration de 100 millions d’hectares de terres dégradées dans les 11 pays concernés.
Seulement, 15 ans après son lancement, ce projet est loin d’avoir atteint son rythme de troisième. Seulement 4 millions d’hectares de terres ont été réhabilités entre 2011 et 2019, soit 4% de l’objectif du programme fixé pour 2030, à savoir la réhabilitation de 100 millions d’hectares. Et pour atteindre l’objectif fixé, il faudrait réhabiliter deux fois plus de terres par an d’ici 2030.
Par ailleurs, pour les pays du Bassin du Congo, un nouveau Fonds de 1,5 milliard de dollars sera créé pour le protéger. Ce bassin, qui s’étend sur 6 pays -Cameroun, Centrafrique, RD Congo, Congo, Guinée équatoriale et Gabon- est considéré comme le deuxième poumon de la planète après l’Amazonie. La deuxième plus grande forêt tropicale du monde est menacée par l’exploitation forestière, minière et agricole industrielle. Ce nouveau fonds sera financé par 12 donateurs, dont l’Angleterre s’est engagée à hauteur de 409 millions de dollars, sur la période 2021-2025.
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Outre la création de ce fonds, un accord mondial, signé par des dirigeants dont les pays comptent pour 85% de la surface forestière mondiale, a été annoncé pour mettre fin à la déforestation, d’ici 2030. Ce projet nécessitera un investissement de 19,2 milliards de dollars.
Reste que cela demeure du domaine des promesses qui n’engagent que ceux qui les font. Déjà dans le passé, de nombreuses promesses ont été faites sans avoir été respectées. D’ailleurs, de nombreux observateurs restent sceptiques sur la capacité des pays développés à honorer leurs nouveaux engagements faits à Glasgow.