Les pays ouest-africains mettent en place le free-roaming

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Le 08/12/2016 à 18h15, mis à jour le 08/12/2016 à 18h29

En attendant la généralisation du « free roaming » au sein de l’espace CEDEAO, l’on essaie tant bien que mal de s’en accommoder, en raison de surcoûts jugés excessifs. Cinq pays ont déjà choisi de franchir le pas pour supprimer les coûts de roaming dès fin mars prochain.

Alors que l’expérience montre qu’une telle option devrait contribuer à booster le secteur du mobile dans toute la région, Le roaming est l’autre défi à relever de l’intégration économique en Afrique de l’Ouest. En attendant que les pays de la région parviennent à s’accorder sur les mécanismes en vue de réduire voire supprimer les coûts supplémentaires supportés par les consommateurs, le sujet inspire plutôt incompréhension.

« Mon dernier voyage au Sénégal en juillet a été une énième expérience amère avec les surcoûts de communication liée à la cherté du roaming. Pour un appel reçu d’Abidjan, en deux à trois minutes, j’ai été débité de quasiment 2.000 francs CFA (soit un peu plus de 3 euros, ndlr), et pour moins de 5 minutes d’appel vers la Côte d’Ivoire cela m’a coûté près de 1.500 francs (soit environ 2,3 euros, ndlr) » témoigne Youssouf Kamagaté, journaliste au sein du quotidien gouvernemental. Un dernier chiffre qui est trois à six fois plus cher qu’une communication locale.

Mais, autre facteur qui suscite l’incompréhension, «c’est le fait que le roaming revient moins cher en étant en France que dans un pays de la CEDEAO» poursuit le confrère. Ce fait, du dirigeant d’entreprise au simple citoyen, ne laisse personnes indifférents. « Appeler à Conakry est un luxe de sorte que je n’ose le faire que rarement » témoigne Moussa Sylla, commerçant guinéen à Abidjan.

Pour remédier à ces désagréments une alternative s’offre aux ressortissants de la zone résidant en Côte d’Ivoire ou aux voyageurs. Il faut soit recourir aux moyens de communication offerts par internet, soit acheter une carte Sim du pays une fois à destination. Il s’agit d’issues peu commodes vu que, d’une part, internet reste coûteux et peu généralisé, et, d’autre part, il est bien difficile de se «couper du monde », fût-ce pour quelques jours.

Ils ont pris les devants

En attendant que la CEDEAO, qui a en projet de mettre en place le roaming gratuit dans la région, des pays ont décidé de prendre les devant. Réunis le 28 novembre dernier à Abidjan, les autorités de régulation des télécommunications du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée projettent la mise en œuvre du « free roaming » au plus tard fin mars 2017.

Coïncidence ou heureux hasard, des experts de la CEDEAO se réunissent ces 7 et 8 décembre à Abidjan afin de plancher sur la question. Des signes qui montrent bien que les lignes sont en train de bouger dans la région. Ce d’autant que selon les experts, les premiers perdants, ce sont les opérateurs téléphoniques et même les Etats, vu les revenus importants que pourraient générer la suppression des surcoûts du roaming. Et les expériences ne manquent pas.

Expérience réussie en Afrique de l’Est

L’Afrique de l’Est a été l’une des premières régions du continent où la gratuité du roaming a été expérimentée avec succès. Lancé en juin 2014, le « One area network », le réseau unique reliant le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya a eu des effets plutôt bénéfiques. En l’espace d’un an, le nombre d’abonnés a augmenté de 300%, les recettes de 50%. Quant aux tarifs, ils ont baissé de 50% alors que les appels entre ces Etats se sont accrus de 800%. Une prouesse saluées par le président rwandais Paul Kagame lors du forum Africa Transformation 2015, à Kigali et qui devrait inspirer davantage la CEDEAO.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 08/12/2016 à 18h15, mis à jour le 08/12/2016 à 18h29