CEDEAO: les chefs d’Etat sont d’accord pour le lancement d'une monnaie unique en 2020

Image d'illustration. Pour le moment, nul ne sait à quoi ressemblera l'Eco.

Image d'illustration. Pour le moment, nul ne sait à quoi ressemblera l'Eco. . DR

Le 30/06/2019 à 14h47, mis à jour le 30/06/2019 à 15h15

Les chefs d’Etat des pays de la CEDEAO réunis à Abuja, au Nigeria, le samedi 29 juin ont adopté l'«Eco», dénomination de la future monnaie unique africaine. Toutefois, beaucoup reste à faire en matière de convergence macroéconomique pour que cette monnaie unique devienne une réalité. Explications.

C’est désormais acté. Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), réunis le samedi 29 juin à Abuja, au Nigeria, ont adopté la dénomination d’”Eco” pour le projet d'une monnaie unique pour les 15 pays de la région.

Ils ont également adopté le principe d’un régime de change flexible pour cette nouvelle monnaie, qui évoluera en fonction d’un panier de devises (euro, dollar, livre-sterling, etc.).

De même, le modèle de la Banque centrale fédérale a également été adopté par les chefs d’Etat. Après cette décision, si tout se passe bien, la monnaie unique de la région devrait entrer en vigueur théoriquement en 2020.

Toutefois, pour cela, il faudra que les pays de la région respectent les critères rigoureux de convergence qu’aucun pays ne remplit actuellement. Cette situation ne sera pas simple à mettre en place.

En conséquence, pour les sceptiques, ce projet de monnaie unique, vieux depuis une trentaine d’année, et qui est censé remplacé le Franc CFA des 8 pays de la zone UEMOA –Union économique et monétaire ouest-africaine- et les monnaies locales des 7 autres pays de la région, risque d’être reporté à quelques années encore. 

Il faut dire que beaucoup reste à faire. D’abord, le nom «Eco», qui a été adopté, les symboles et l’iconographie qui apparaitront sur les billets et pièces ne font pas encore l’objet d'un consensus. Ensuite, et c’est encore plus important, les critères de convergences nécessaires avant le lancement de cette monnaie unique sont encore loin d’être atteints par les pays de la région.

Il devient urgent de prendre ce problème de convergence macroéconomique à bras le corps et d’agir rapidement.

Les critères de convergences fondamentaux sont au nombre de 6: quatre sont qualifiés de "critères de premier rang" -soit le ratio du déficit budgétaire et des dons compris (inférieur ou égal à 3%), le taux d’inflation (inférieur ou égal à 5%), le financement du déficit par la Banque centrale (inférieur ou égal à 10% des recettes fiscales) et les réserves brutes en mois d’importations (supérieur ou égal à 3 mois d’importations).

Deux autres critères sont quant à eux placés au second rang –le ratio de l’encours de la dette rapporté au PIB nominal (inférieur ou égal à 70%) et la variation du taux de change nominal (+ ou -10%).

Rares sont les pays qui respectent ces 6 critères de convergence. Certains auront du mal à respecter certains critères à l'horizon 2020. A titre d'exemple, le ratio dette/PIB nominal du Cap-Vert dépasse la barre des 120% contre un seuil maximal de 70%.

Rares sont les pays qui respectent le ratio du déficit bufgétaire/dons compris de l'ordre de 3%.

Toutefois, récemment, le président de la Commission de la CEDEAO soulignait que l’analyse des critères de convergence et de stabilité montre que le pari de créer une monnaie unique en 2020 ne pourra pas être tenu, tout particulièrement s'il s'effectue dans la précipitation. 

Bref, l'éco de la CEDEAO pour ses 15 pays membres est un projet difficilement réalisable à partir de 2020, mais pas impossible.

Par Moussa Diop
Le 30/06/2019 à 14h47, mis à jour le 30/06/2019 à 15h15