Afrique subsaharienne: une croissance plombée par des incertitudes, selon la Banque Mondiale

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Le 10/10/2019 à 11h06, mis à jour le 10/10/2019 à 11h20

La croissance en Afrique subsaharienne devrait s'établir autour de 2,6% en 2019, selon les estimations établies par la Banque Mondiale. Une faible croissance, qui s'expliquerait par les catastrophes naturelles et des incertitudes quant à la conjoncture économique mondiale.

Plombée par les incertitudes de la conjoncture internationale, la croissance en Afrique subsaharienne fait grise mine en 2019, selon la 20e édition du rapport semestriel de la Banque Mondiale (BM), «Africa’s Pulse», consacré à la conjoncture économique africaine, publiée hier, mercredi 9 octobre 2019 à Washington.

Sous le titre «Initiatives en faveur de l’autonomisation des populations pauvres et des femmes, primordiaux pour progresser», ce rapport, clairement pessimiste, affirme d’entrée de jeu que «la croissance en Afrique subsaharienne ne parviendra pas à décoller en 2019, freinée par les incertitudes persistantes de l’économie mondiale, et des réformes intérieures qui marquent le pas. Globalement, la croissance devrait ressortir à 2,6% en 2019, contre 2,5% l’année précédente, une performance inférieure de 0,2 point de pourcentage aux prévisions du mois d’avril dernier», soit la date de la publication du rapport précédent.

Au-delà du pessimisme de ces prévisions, ce rapport balise les pistes d’une possible et indispensable reprise, et consacre deux volets spéciaux à l’accélération de la réduction de la pauvreté, et à la promotion de l’autonomisation des femmes.

Les auteurs de ce document estiment en effet que «l’autonomisation des femmes est un élément clé pour stimuler la croissance. Les décideurs africains sont confrontés à un choix crucial: poursuivre les politiques actuelles ou prendre des mesures volontaristes pour favoriser une économie plus inclusive. Après plusieurs années de croissance décevante, la réduction de l’inégalité des chances dont sont victimes les femmes s’impose comme une solution évidente pour progresser», souligne Hafed Ghanem, vice-président de la Banque Mondiale (BM) pour l’Afrique.

Dans les détails, ce rapport semestriel de la Banque Mondiale indique en outre que «le bilan est mitigé. La reprise dans les 3 grandes économies de la région-Nigeria, Afrique du Sud, Angola- reste timide et assombrit les perspectives régionales. Au Nigeria, le secteur non-pétrolier manque de dynamisme, tandis qu’en Angola, c’est le secteur pétrolier qui peine à progresser. En Afrique du Sud, une certaine défiance des investisseurs pénalise l’activité».

Cependant, exception faite de ces trois pays, «la croissance devrait rester robuste dans le reste du sous-continent, malgré le ralentissement dans plusieurs pays. Le rythme moyen des pays pauvres en ressources devrait se tasser, conséquence des cyclones tropicaux ayant frappé le Mozambique et le Zimbabwe, de l’incertitude politique au Soudan, du recul des exportations agricoles au Kenya et des mesures d’assainissement budgétaire au Sénégal».

Dans les pays de la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEMAC), riches en métaux de base, «l’activité devrait croître à un rythme modéré à la faveur d’une hausse de la production de pétrole. Les pays exportateurs de métaux doivent s’attendre à un fléchissement, lié au ralentissement de l’activité minière et au repli des cours».

Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque Mondiale pour l’Afrique, ajoute que «les économies africaines subissent aussi le contre-coup de la conjoncture mondiale, ce qui se traduit par une croissance modérée de l’ensemble des régions. Dans le même temps, la faiblesse de la croissance en Afrique est clairement corrélée à la faiblesse de la gouvernance, et [tant] les responsables publics [que] les citoyens doivent placer la transparence et l’efficacité des institutions au cœur des priorités».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 10/10/2019 à 11h06, mis à jour le 10/10/2019 à 11h20