"Pays de merde": 79 ex-ambassadeurs américains en Afrique répondent à Trump

Au G7, le président américain Donald Trump pose avec le président kenyan Uhuru Kenyatta, le président de l'Union africaine Alpha Condé, le président de la Banque africaine de développement Akinwumi Adesina, le vice-président du Nigeria Yemi Osinbajo et le Premier ministre d'Ethiopie Hailemariam Desalegn.

Au G7, le président américain Donald Trump pose avec le président kenyan Uhuru Kenyatta, le président de l'Union africaine Alpha Condé, le président de la Banque africaine de développement Akinwumi Adesina, le vice-président du Nigeria Yemi Osinbajo et le Premier ministre d'Ethiopie Hailemariam Desalegn.

Le 18/01/2018 à 18h33, mis à jour le 18/01/2018 à 18h34

Près de 80 anciens ambassadeurs américains ayant servi dans 48 pays africains ont écrit à Donald Trump pour témoigner n'avoir jamais officié dans des "pays de merde". Leurs arguments ont toutefois peu de chance de changer la vision du locataire de la Maison-Blanche.

Les propos désastreux du président Trump, qualifiant Haïti et plusieurs états africains de «pays de merde», continuent de susciter une vague de désapprobation.

Cette fois-ci, ce sont 79 anciens ambassadeurs américains ayant servi dans 48 pays d’Afrique, sur les 54 qu'elle compte, qui ont pris le relais en écrivant au président américain.

Dans ce document, les diplomates rappellent à l’actuel locataire de la Maison-Blanche l’importance géopolitique et économique du continent africain pour la sécurité des Etats-Unis.

«Nous vous écrivons pour exprimer notre profonde préoccupation concernant vos récentes remarques sur les pays africains et attester de l’importance de nos partenariats avec la plupart des 54 Etats de ce continent, doté d’un grand talent humain, d’une riche diversité, d’une beauté extraordinaire et de ressources naturelles presque inégalées. C’est aussi un continent entretenant des liens profonds avec les Etats-Unis d’Amérique», peut-on lire dans cette lettre.

En tant qu’anciens ambassadeurs américains à l’étranger, «nous avons vu des cultures africaines complexes et riches, d’une résilience impressionnante, avec une grande générosité et de la compassion à couper le souffle».

On se demande toutefois si de pareils arguments peuvent ramener à la raison un homme porté au pouvoir par une vague de populisme sans précédent, dont l’horizon se limite au territoire américain et à la froide réalité du monde des affaires.

Des considérations stratégiques, géopolitiques, économiques et sécuritaires alimentent aussi l'argumentaire des diplomates. «Nous avons compté parmi nos contacts des entrepreneurs dynamiques, des artistes talentueux, des activistes engagés, des défenseurs de la nature passionnés et des éducateurs brillants. Nous avons appris de nouvelles solutions face à des problèmes complexes, aidé les entrepreneurs américains à trouver des partenaires essentiels à leur réussite et compté sur des responsables militaires et du renseignement africains qui assumaient souvent avec des risques réels pour atteindre des résultats essentiels à notre sécurité partagée. Nous savons qu’un engagement respectueux envers ces pays est essentiel à la protection de nos propres intérêts nationaux».

Par ailleurs, le document insiste sur l’apport des Africains au patrimoine universel et la contribution des Américains originaires d’Afrique à l’histoire et au rayonnement des Etats-Unis.

Un rappel important, qui a peu de chance de faire évoluer la mentalité du locataire de la Maison-Blanche, homme d’affaires prospère dont les grilles de lecture tendent à donner à un monde qui lui est inconnu une nouvelle configuration. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 18/01/2018 à 18h33, mis à jour le 18/01/2018 à 18h34