A cause de la place qu’a occupé le Mali dans le 57e sommet de la Cédéao qui s’est tenu ce début de semaine à Niamey, la question de la monnaie unique pourtant principal chantier économique régional a été complètement occultée malgré la longue évocation dont il a fait l’objet dans les débats, mais également dans le communiqué final.
L’Eco est en effet revenu longuement dans l’intervention du président Alassane Ouattara qui est le président en exercice de l’Uémoa. Il a aussi fait l’objet d’un long exposé par Nabeela Tunis, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale de la République de Sierra Leone, venue représenter Maada Bio, président en exercice de la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO).
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Pour rappel, si l’Uémoa regroupe huit des quinze pays de la Cédéao, à savoir le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Burkina Faso, le Bénin, le Togo, la Guinée-Bissau et le Niger, la ZMAO est composée de 6 autres pays essentiellement anglophones que sont le Nigeria, le Ghana, le Liberia, la Sierra Leone, la Gambie et la Guinée. Le Cap-Vert quant à lui n’est affilié à aucune de ces deux organisations monétaires.
Concernant les décisions proprement dites liées à l’Eco, il y a lieu de noter le "maintien de l’approche graduelle pour le lancement de l’Eco" qui est le cinquième point d’une série de décisions qui touche directement à la mise en place de la monnaie unique ouest-africaine.
Car, cinq décisions importantes ont été prises et toute vont dans ce sens, tout en réaffirmant la nécessité de confirmer la création de la monnaie unique.
Ainsi, en premier lieu "pour consolider ces acquis, la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement décide d’élaborer une nouvelle feuille de route pour le programme de la monnaie unique de la Cédéao".
En deuxième lieu, le sommet de Niamey a pris la décision de "différer, à une date ultérieure, le lancement de l’Eco".
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Et Covid-19 oblige, les critères de convergence, qui sont arrivés à échéance fin 2019 et qui devaient être consolidés à partir de cette année, sont temporairement suspendus. En effet, les 9 chefs d’Etats qui étaient présents ont "décidé d’exempter les Etats membres du respect des critères de convergence macroéconomique en 2020", écrit-on dans le communiqué final.
Au-delà, les quinze vont même "conclure, entre les Etats membres de la Cédéao, un nouveau pacte de convergence et de stabilité macroéconomique".
Il faut aussi noter les quinze pays semble avoir dégagé un consensus sur l’entrée en vigueur progressive de la monnaie unique, ce qui n’est pas pour déplaire aux huit Etats membres de l’Uémoa qui ont déjà une monnaie unique qu’est le Fcfa. Sauf qu’à plusieurs reprises, les anglophones notamment le Nigeria les ont mis en garde quant à un éventuel accaparement du projet de la Cédéao par la moitié de ses membres pour transformer simplement le Fcfa en Eco.
Néanmoins, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao a "pris note de ce que la réforme de la zone monétaire Uémoa s’inscrit dans le cadre des actions à réaliser pour transformer le Fcfa, tout autant que les autres monnaies, en Eco, conformément à la feuille de route révisée de la Cédéao".