Premier producteur mondial de cacao et d’acajou, 4e producteur mondial de caoutchouc naturel, la Côte d’Ivoire souhaite désormais réduire ses exportations brutes de produits agricoles et transformer localement une bonne partie de sa production agricole.
A ce titre, après les programmes de transformation d’une partie de sa production de cacao et de noix de cajou, le pays s’est fixé un objectif ambitieux de transformer la totalité de sa production de caoutchouc naturel d’ici 2025.
L’annonce a été faite par le Premier ministre ivoirien Patrick Achi en marge du 1er sommet mondial sur le caoutchouc qui se tient du 8 au 11 juin en mode virtuel.
Lire aussi : Caoutchouc. La Côte d'Ivoire devient 4e producteur mondial
Le 4e producteur mondial de caoutchouc naturel, derrière l’Indonésie, la Thaïlande et le Vietnam, et premier producteur africain avec une production de 950.000 tonnes, soit plus de 80% de la production du latex du continent, compte ainsi transformer la totalité de sa récolte de latex en produit utilisable pour les manufactures dans le secteur pneumatique.
Avec cet ambitieux objectif, la Côte d’Ivoire souhaite désormais rompre sa stratégie d’exportateur de matières agricoles brutes. Ainsi, d’ici 5 ans, le pays compte casser la politique de fourniture de matières premières afin de capter une part de la valeur ajoutée de l’industrie mondiale du caoutchouc.
Outre la fabrication de pneus, les autorités et les professionnels du secteur comptent aussi fabriquer localement des gangs chirurgicaux et des préservatifs pour satisfaire les demandes locale et régionale.
Lire aussi : Côte d’Ivoire: la production de caoutchouc va tripler à 2 millions de tonnes d’ici 2023
Cette volonté de transformer le caoutchouc naturel permettra de créer de la valeur ajoutée localement et des emplois. Jusqu’à présent, ce sont les majors du secteur mondial de la pneumatique (Michelin, Continental, Goodyear et Bridgestone) et quelques fabricants chinois qui absorbent la production locale. Toutefois, à cause de la crise sanitaire, seuls les Chinois se sont approvisionnés sur le marché ivoirien du latex en 2020. Une situation qui a poussé les autorités et les professionnels du secteur à vouloir accélérer le processus de transformation afin de réduire la dépendance vis-à-vis des majors du secteur de la pneumatique mondiale.
A ce titre, la Société internationale de plantation d’hévéas (SIPH), numéro un de la production de caoutchouc en Afrique, partenaire du fabricant de pneumatique français Michelin, a annoncé la construction d’une sixième usine en Côte d’Ivoire qui va augmenter de 30% sa capacité de transformation localement. Cette unité qui sera opérationnelle en novembre 2022 débutera avec une capacité de production de 60.000 tonnes de caoutchouc avant de doubler cette capacité.
Lire aussi : Vidéo. Côte d’Ivoire: la transformation du cacao sur place en marche
En effet, selon le Premier ministre, actuellement, avec l’exportation de la matière première, «sur un chiffre d’affaires annuel de 350 milliards de dollars au niveau mondial, la Côte d'Ivoire n’en capte que 0,5%, alors qu’elle assure 7,5% de la production mondiale».
A noter que la filière hévéa qui emploie plus de 160.000 personnes en Côte d’Ivoire et qui occupe une superficie de 600.000 hectares, est en train de prendre sa place parmi les grands producteurs mondiaux du secteur qui sont tous asiatiques. La production connait une hausse exponentielle passant de 170.000 tonnes en 2005 à 950.000 tonnes en 2020. Le pays ambitionne de porter sa production à 2 millions de tonnes à l'horizon 2023.