Vidéo. Côte d'Ivoire: Julie Kouassi, ambassadrice de la haute-couture avec ses vêtements faits-mains

le360 Afrique/Adjakotan

Le 20/11/2021 à 09h49, mis à jour le 20/11/2021 à 09h52

VidéoCoudre des vêtements à la main sans recourir à la machine est un exercice pénible et fastidieux. Et pourtant, cette technique de couture a fait les beaux jours de la mode, avant l'invention de Singer. Julie Kouassi, une artisane-couturière spécialisée dans le fait-main, revisite ce savoir-faire.

Du fil, une aiguille et des doigts de fée. Voilà tout ce dont a besoin Julie Kouassi pour transformer de simples étoffes en fabuleux vêtements faits-mains.

Ce savoir-faire ancestral est transmis de génération en génération depuis l'Egypte antique, voire depuis 120.000 ans à Temara au Maroc, comme l’ont prouvé de récentes découvertes archéologiques.

Julie Kouassi est l’une des ambassadrices de cette technicité en Côte d’Ivoire. Elle est passionnée de couture surtout du fait-main depuis l'âge de 12 ans. Ici, dans son atelier dans la commune de Cocody à Abidjan, cette doctorante en lettres modernes travaille les vêtements rien qu'à la main depuis 2018. Ses créations sont faites de matières végétales, animales et même synthétiques. Le lin, le coton, le polyester n’ont plus de secrets pour son aiguille et ses fils.

“C'est une activité qui existe depuis toujours. La machine à coudre a copié sur la main; ce n'est pas pour autant qu'on va arrêter de coudre à la main; d'ailleurs, quand la photographie est née, les gens n'ont pas arrêté de peindre. On coud à la main et cela existe au Japon, en Chine, au Maroc. Seulement ici, les gens banalisent cela alors que le fait-main c'est la crème de la crème. C'est même beaucoup plus durable et porter des vêtements fait à la main honore le travail artisanal”, affirme Julie Kouassi, l’artisane couturière.

A ses débuts, c'est-à-dire en 2018, elle n'enregistrait qu'une seule commande par trimestre. 3 ans plus tard, en 2021, une vingtaine de clients se bousculent par mois dans son atelier. Artistes chanteurs, slameurs, animateurs télé, amis et connaissances, entreprises sollicitent les services de Julie Kouassi qui valorise le riche patrimoine vestimentaire africain.

“Je suis très à l’aise parce que les habits faits-mains sont confortables, c’est d’une originalité sans pareille. Au niveau de la finition des coutures on ne les retrouve nulle part ailleurs; la qualité du tissu n’est pas à discuter, c’est un pagne burkinabé que je porte donc c’est très confortable et je suis satisfait des finissions”, déclare Stéphanie Séa, une fidèle cliente.

Selon des experts de la mode, le premier vêtement cousu uniquement à l'aide d'un fil et d'une aiguille a été découvert en Egypte depuis l'antiquité et est aujourd'hui exposé dans un musée en occident. Mais, des outils confirmant l’utilisation de technique de confection d’habits ont récemment été découverts au Maroc, dans une grotte à 125 mètres de la côte à Temara, non loin de la capitale Rabat.

Le fait-main est donc une méthode ancestrale africaine de la couture. Mais ce patrimoine reste encore sous exploité ou même délaissé en Côte d'Ivoire, voire en Afrique. Et pour ces spécialistes, la jeune génération de stylistes africains gagnerait beaucoup à exploiter davantage cette technicité pour se faire une place dans un univers de la mode de plus en plus concurrentiel et dynamique.

“Il faut déjà se démarquer soit par la matière, par la coupe que l’on propose ou soit par un savoir-faire: c’est ce qui signe l'identité d'une marque. Le piquet d'une main est tel qu'une machine ne pourra pas reproduire certains points. Donc, de ce fait, j'encourage beaucoup les stylistes à apporter une particularité à leurs créations”, conseille le consultant de mode David-Cédric Wanyou

En rappel, le fait-main est plus vulgarisé en Asie et en Occident avec, par exemple, les grands couturiers Christian Dior et Yves Saint Laurent. Le rêve de l'artisane couturière Julie Kouassi, est de faire de la Côte d'Ivoire une référence en la matière d'ici 20 ans. Pour ce faire, elle compte créer un centre de couture pour initier surtout les jeunes filles à cette technicité.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 20/11/2021 à 09h49, mis à jour le 20/11/2021 à 09h52