Côte d’Ivoire: six journalistes arrêtés pour atteinte au «secret défense»

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Le 13/02/2017 à 16h05, mis à jour le 13/02/2017 à 16h18

Six journalistes ivoiriens ont été convoqués et incarcérés par la Section de recherche de la gendarmerie nationale. Les autorités leur reprochent d'avoir relayé de fausses informations en affirmant qu'un accord financier aurait mis un terme à la mutinerie des Forces spéciales.

Vamara Coulibaly, directeur de publication du groupe Olympe (propriétaire des titres indépendants Soir Infos et L’Inter), deux journalistes du groupe, les directeurs de publication de deux quotidiens proches de l’opposition (Bamba Franck Mamadou de «Notre Voie» et Yacouba Gbané de «Le Temps»), et le journaliste Ferdinand Bailly (LeTemps) sont détenus pour des informations jugées fausses.

Dans une déclaration ce dimanche 12 février, le procureur de la République reproche à nos six confrères d’avoir publié «des informations fausses touchant au secret de la défense et à la sûreté de l’État». Dans des articles parus samedi dernier, les publications sus-citées faisaient mention d’un accord passé entre les soldats des Forces spéciales, entrés en mutinerie en début de semaine, et le gouvernement, au sujet de versement de primes. Or, cette information prenait le contre-pied de la version officielle qui voulait qu’il n’y ait eu aucun engagement de paiement, au terme des négociations de jeudi dernier. Négociations qui avaient été suivies d'un retour au calme dans la ville balnéaire d’Adiaké, base de cette unité d’élite.

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L’enjeu pour les autorités est d’éviter tout nouveau cycle de mutineries au sein des autres corps de son armée ou de la part des ex-combattants de l’ex-rébellion non intégrés dans l’armée et qui font montre ces derniers temps, de réclamer à leur tour leur part de prime. De fait, il s'agit de montrer une certaine fermeté et d'anihiler l’effet de contagion qui tendait à s’emparer du front social. La semaine dernière encore, les étudiants étaient entrés en grève pour réclamer une hausse du nombre de boursiers, une exigence à laquelle le gouvernement avait eu vite fait de répondre.

Pour le parquet ivoirien, les journalistes ont diffusé de fausses informations susceptibles d’inciter les militaires à «l’insoumission» et à la «rébellion» portant ainsi «atteinte à l’autorité de l’Etat».

Le président de l’Union journalistes de Côte d’Ivoire, qui était présent à l’audition de nos confrères ce dimanche 12 février, s’est employé à obtenir leur libération. Sans succès.

Le procureur de la République qui évoque des actes tombant sous le coup la loi, du régime juridique de la presse et du code pénal, souligne que les investigations sont en cours pour « situer les responsabilités ».

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 13/02/2017 à 16h05, mis à jour le 13/02/2017 à 16h18