Il y a d’un côté l’aile «officielle» conduite par Pascal Affi N’Guessan, ex Premier ministre de Laurent Gbagbo, reconnu juridiquement comme le patron du FPI et accusé par ses détracteurs de faire le jeu du pouvoir à Abidjan. Et de l’autre celle des «frondeurs» ou «dissidents» menée par Aboudramane Sangaré, un ancien ministre des Affaires étrangères et compagnon de la première heure du leader politique ivoirien, qualifiée d’«aile dure» du parti, plus prompt à défier les autorités du pays.Ce lundi, le premier a saisi la justice ivoirienne contre le second pour «usurpation du titre de président du Front Populaire Ivoirien». Une position qu’il a défendue ce mercredi 2 mars au cours d’une conférence de presse.Les «frondeurs» sont accusés de mener des tournées auprès des militants pour accuser Affi de connivence avec le pouvoir et de manœuvrer pour empêcher la libération de son mentor détenu à la Haye. Des initiatives destinées à «escroquer moralement les militants», s’est-il insurgé.Ils sont «dans l’enfantillage, dans l’émotion permanente, dans le mensonge, dans la démagogie» a déploré Affi N’Guessan, avant de s’agacer : «s’il y a dix cas (d’usurpation de titre), je vais saisir dix fois la justice».Un ras-le-bol manifestement consécutif à l’échec de négociations souterraines. «Là où nous disions qu’il faut utiliser la voie de diplomatie, des réseaux et de la négociation, eux ils disent qu’il faut insulter, braver, etc.». «Sangaré et consorts sont toujours militants» mais «n’appartiennent plus à la direction du parti», a-t-il indiqué, les invitant même à créer éventuellement leur parti.Elections législativesPascal Affi N’Guessan a confirmé sa décision de conduire le parti aux élections législatives prévues avant la fin de l’année, après le boycott de celles de 2012, alors qu’il était incarcéré et qu’Aboudramane Sangaré assurait son intérim.«C'est une étape décisive de notre histoire. Une étape cruciale. C'est un rendez-vous que nous ne devons pas manquer. C'est à travers nos résultats aux législatives prochaines que nous pourrons évaluer notre capacité à gagner la présidentielle de 2020» a expliqué Affi.Le parti de Laurent Gbagbo aborde donc un virage périlleux. Après un piètre «10%» à la dernière présidentielle, le FPI va à nouveau entrer en campagne sans une frange de son électorat. Ces derniers, «les frondeurs», avaient déjà annoncé leur intention de ne pas prendre part aux législations. La scission semble irrémédiablement poindre à l’horizon.
Le 03/03/2016 à 19h05