Nouvelle constitution ivoirienne: la vice-présidence au cœur des intrigues de la coalition au pouvoir

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Le 14/06/2016 à 16h59

L’une des innovations de la nouvelle constitution sera certainement la mise en place d’un poste de vice-président. Présentée comme un moyen de facilité la succession du président donc facteur de stabilité, la question rencontre l’assentiment de la coalition au pouvoir.

Le président ivoirien Alassane Ouattara a reçu ce lundi, au dernier jour de ses consultations pour l’élaboration de la nouvelle constitution, le RHDP (rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix), la coalition au pouvoir qui regroupe 5 partis politiques dont le sien, le RDR, et le PDCI.«Nous avons soutenu l'idée d’une vice-présidence», a affirmé Amadou Soumahoro le président du RHDP au sortir de la rencontre, ajoutant que «ce poste permettra de gérer la vacance et l'intérim du pouvoir» et surtout «assurer l’alternance au niveau du pouvoir».Pour lui, «la Côte d’Ivoire a frôlé la guerre civile», après le décès du président Félix Houphouët-Boigny parce que «les dispositions constitutionnelles étaient floues», ce qui avait conduit le pays dans une longue période de rivalité (au sein même du parti qu’il a créé, le PDCI) et d’instabilité politique. La nouvelle réforme aura l’avantage de désigner d’avance le successeur du président sortant.Une posture défendue par Patrick Achi, ministre des Infrastructures économiques et membre du PDCI, qui évoque la vice-présidence comme un «gage de stabilité pour le pays».Au-delà de ces considérations, pour certains observateurs, il s’agit de gérer la question de l’alternance au pouvoir entre le PDCI et le RDR, les deux principaux partis de la coalition et du pays qui ne cessent de se tirailler sur la question. Le fait est que la dissolution des partis de la majoriré présidentielle dans «le moule du RHDP» n’arrivera pas de sitôt à gommer les origines partisanes.Ce serait donc la succession de l’actuel président, qui a entamé son dernier mandat et qui, selon un deal officieux, devrait passer le flambeau au candidat de la coalition à la prochaine présidentielle, celui du PDCI. Et le futur vice-président, qui devrait sortir des rangs de ce parti, sera bien le dauphin désigné d’Alassane Ouattara pour la présidentielle de 2020, croient savoir certains analystes.L’opposition quant à elle reste stoïque sur la question et rejette l’idée d’une vice-présidence, un poste qui n’a «nullement d’intérêt», avait souligné Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 14/06/2016 à 16h59