Les législatives ivoiriennes ne créeront visiblement pas de surprises. La majorité présidentielle du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocraties et la paix (RHDP) est bien partie pour l’emporter comme le confirment les résultats partiels égrenés depuis hier après-midi par la CEI, la commission électorale indépendante.
Les grosses têtes de la coalition au pouvoir n’ont pas failli. Dans le Nord, dans son fief de Ferkessedougou, le président sortant de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume, l’a emporté haut la main avec 98,70% des suffrages. Il en est de même pour le Premier ministre Daniel Kablan Duncan qui rafle 98,70% à Grand-Bassam, au sud du pays. Mais le scrutin n'est pas sans surprises.
Les indépendants, issus pour la plupart du Rassemblement des Républicains (RDR) et du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), deux principaux partis de la coalition au pouvoir, ont raflé des sièges importants aussi bien dans le nord que dans le sud du pays. Ces derniers qui avaient été sanctionnés par leurs partis devraient faire leur come-back non sans difficulté. A moins de constituer la principale force politique d'opposition au Parlement face au pouvoir.
Autre surprise, celle des ministres Gnamien Konan, élu à Botro (75,36% des voix) et Mabri Toileuses qui a obtenu 75% des suffrages à Zouan-Hounien (Ouest) . Ces derniers avaient été exclus du gouvernement pour n’avoir pas accepté le nombre de postes électifs qui avaient été accordés à leurs partis respectifs, l’Union patriotique de Côte d'Ivoire (UPCI) et l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI), par la majorité. Ce dernier parti a même obtenu d’autres élus dans son fief de l’ouest ivoirien et deux sièges dans la commune d’Attecoube à Abidjan.
Au niveau du Front populaire ivoirien (FPI), le principal parti de l’opposition, celui de l'ex-président Laurent Gbagbo, des sources concordantes évoquent déjà 4 élus, dont Pascal Affi N’Guessan, le président du parti.
YAS ou BAL ?
Les résultats qui cristallisent le plus l’attention dans le pays sont ceux de la commune chic de Cocody, à Abidjan. Ici, Yasmina Ouegnin (YAS), candidate indépendante exclue des rangs du PDCI (ainsi que son père Georges Ouegnin) et la ministre de la Communication Bamba Affoussiata Lamine (BAL) du RHDP, revendiquent (indirectement) la victoire.
Ce duel symbolique, entre la première -député sortante qui avait osé dire publiquement «non» au choix d’Alassane Ouattara comme candidat unique du RHDP à la dernière présidentielle et au projet de réforme constitutionnelle– et le poulain du RHDP, est perçu comme un moyen de jauger l’adhésion des Ivoiriens au pouvoir d’Abidjan. Et en cas de victoire, beaucoup prédisent que YAS pourrait aller plus loin… à la conquête du pouvoir suprême.
A noter que la grande déception reste encore le taux de participation. Si l’on enregistre plus de 60% au nord du pays, le niveau reste faible au sud. On note par exemple, 8% de participation à Yamoussoukro, la capitale politique, et 10% à Yopougon, la commune la plus peuplée d’Abidjan, fief de l’ex président Laurent Gbagbo.