Côte d’Ivoire: Henri Konan Bédié, «Je regrette d’avoir aidé Alassane Ouattara»

Le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié.

Le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié.. DR

Le 15/12/2018 à 07h16, mis à jour le 15/12/2018 à 20h13

Décidemment rien ne s’arrange entre Alassane Ouattara et son ex-allié Henri Konan Bédié. Ce dernier n’a d’ailleurs pas hésité à exprimer son «regret» d’avoir aidé à l’accession du premier à la tête du pays. Une annonce qui sonne comme une rupture définitive.

S’il pouvait y avoir des personnes pour espérer à une renaissance de l’idylle entre Alassane Ouattara et Henri Bédié, elles ont dû bien se raviser. Dans une interview à la chaîne française France 24 ce 13 décembre au soir, l’ex-président ivoirien et patron du PDCI, Henri Konan Bédié, en rupture de ban avec la coalition au pouvoir du RHDP, a exprimé ses remords pour avoir contribué à l’élection d’Alassane Ouattara à la tête du pays lors de la tumultueuse présidentielle de 2010.

«Après coup et maintenant je le regrette», a répondu le «Sphinx de Daoukro» à la question du journaliste français de savoir s’il regrettait et pensait «avoir été trop généreux avec Alassane Ouattara».

Une nouvelle preuve que le point de non-retour a été atteint entre les deux hommes du fait de «beaucoup de divergences» et de «manquements». Il énumère notamment le «problème de l’alternance au profit du PDCI» et la mise en place du RHDP, parti unifié, «sans vouloir véritablement associer le PDCI».

«On a manqué de tenir compte du poids du PDCI dans l’alliance et du rôle essentiel qu’il a joué dans l’avènement d’Alassane Ouattara au pouvoir et de tous les sacrifices que j’ai consentis avec le PDCI pour qu’il soit à la tête de l’Etat», a dénoncé Henri Konan Bédié.

Au second tour de la présidentielle de 2010, alors qu’Alassane Ouattara arrivait en seconde position derrière Laurent Gbagbo, il avait fallu en effet le soutien décisif du PDCI pour faire pencher la balance en sa faveur. Et en 2015, le PDCI avait renoncé à présenter un candidat au profit de son allié.

Une alliance envisagée avec Gbagbo

L’ex-chef d’Etat confirme que le PDCI va bien s’engager dans la course à la présidentielle avec un candidat qui sera désigné au cours de la «convention du parti en 2019», tout en prenant soin d’entretenir le flou sur son éventuelle candidature: «il se pourrait que ce soit moi, il se pourrait que ce ne soit pas moi».

Et dans cette nouvelle configuration, une plateforme de l’opposition est en constitution avec probablement le FPI de Laurent Gbagbo, ce dernier ayant «donné son accord». Au sujet de la libération de ce dernier d’ailleurs, Konan Bédié «espère vivement qu’il soit libéré (…) et qu’il rentre en Côte d’Ivoire».

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 15/12/2018 à 07h16, mis à jour le 15/12/2018 à 20h13