Côte d’Ivoire. Gbagbo de nouveau maintenu en prison: c'est la confusion totale

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Le 17/01/2019 à 09h20, mis à jour le 17/01/2019 à 09h22

De la joie à la déception. En quelques heures, l’on a enregistré un basculement total dans le procès de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. La CPI a décidé de suspendre leur libération jusqu’au terme d’une nouvelle procédure d’appel.

En deux jours d’audience, le sort de Laurent Gbagbo, ex-président ivoirien et de son coaccusé Charles Blé Goudé, leader des Jeunes patriotes pendant la période de crise, aura viré d’une situation à une autre, entre joie et déception. Ce qui semble montrer que finalement rien n’est encore définitivement acquis dans ce procès.

Après avoir ordonné sa libération «immédiate» ce 15 janvier, puis suspendue cette libération à l’examen d’un premier appel le lendemain, mercredi16 janvier en matinée, la CPI avait à nouveau confirmé, en début d’après-midi, la décision de libération avant de se rétracter dans la soirée. Elle a suspendu sa décision de libération des deux coaccusés.

Le fait est que, entre temps, est intervenu un autre appel du procureur qui a réussi à convaincre la cour d’ordonner cette suspension, pour que la chambre d’appel examine en profondeur la décision d’abandon des charges prononcée le 15 janvier et confirmée le lendemain par la chambre de première instance dirigée par le juge Cuno Tarfusser.

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5 juges de la chambre d’appel devront donc dire si ce recours est recevable ou pas et donc décider de la suite à donner au procès qui pourrait soit s’achever net ou reprendre de plus bel.

Hier 16 janvier, lors du rejet du premier appel formulé par l’accusation, le juge Cuno Tarfusser avait confirmé la décision de mise en liberté et d’acquittement arguant de la «(re)mise en question» de «la crédibilité et la fiabilité des preuves» présentées par l’accusation et évoquant même «des preuves très faibles et insuffisantes».

De même, alors que l’accusation brandissait des «risques de fuite» des accusés pour justifier sa demande de maintien en détention, la cour avait estimé qu’il fallait faire confiance à ces derniers (et à leur conseil) qui avaient pris l’engagement de se présenter à nouveau devant le tribunal si cela était jugé nécessaire dans le cadre d’un recours en appel.

«Il est difficile de parvenir à une condamnation dans les circonstances actuelles» et «il n’est pas approprié que le procès continue», a-t-il déclaré, ajoutant que la cour «ne voit pas comment en examinant davantage les preuves, la décision d’acquittement soit contredite en appel».

On peut donc s’interroger sur la teneur des nouveaux arguments présentés par le procureur et qui ont conduit à ce spectaculaire revirement de situation en l’espace de quelques heures.

Chez les partisans de Gbagbo, on évoque des mains obscures exerçant des pressions pour empêcher le retour en Côte d’Ivoire du «Woody de Mama», surnom de l’ex-président, même si l’on reste pour l’heure confiant quant à son acquittement.

Le suspense reste donc entier dans un procès qui a débuté il y a deux ans, en janvier 2016. Selon certaines sources, la chambre d’appel devrait se réunir en audience ce jeudi ou dans les prochains. 

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 17/01/2019 à 09h20, mis à jour le 17/01/2019 à 09h22