«Un climat insurrectionnel», c’est le terme utilisé par le RDR, le parti du président ivoirien Alassane Ouattara, pour dénoncer les violentes manifestations de ce vendredi à Bouake. Un avis partage par nombre d’observateurs, y compris dans l’opposition, qui se satisfait, sans le crier tout haut, de ce «ras-le-bol social», le tout premier de l’ère Ouattara.
Outre les locaux de la CIE, la Compagnie ivoirienne d’électricité, une banque, des commerces, des services administratifs, les locaux de la municipalité, celui du Conseil régional, la préfecture et l’un des commissariats de police de la ville, ont été mis à sac et incendiés pour certains.
Mais avant leur forfait, les manifestants, en bande organisée, procédaient à un pillage systématique : matériel informatique, coffre fort, mobiliers de bureau, toitures, portails en fer, câbles électriques etc. Trois armes ont été même emportées dans le pillage du commissariat du quartier Dar-es-Salam.
Une situation qui en est de trop pour le gouvernement qui a décidé de jouer la carte de la fermeté. Des unités d’intervention de la police (CCDO, BAE, CRS) et de l’armée (dont des éléments du 1er bataillon de commando parachutistes) venues en renfort d’Abidjan ont reçu pour mission de mettre la main sur les auteurs des actes de vandalisme dont les images pullulent d’ailleurs sur les réseaux sociaux. De même la population a été mise à contribution pour fournir des informations sur les pillards.
Un choix inattendu des autorités qui a pris tout ce beau monde de court. «La terreur a changé de camp», ironise le journal Le Nouveau Réveil, proche du pouvoir. Une centaine de personnes ont déjà été interpellées selon des sources sécuritaires. Du matériel volé a été abandonné en pleine rue, alors que des individus viennent d'eux-mêmes rendre les objets dérobés pour éviter d’être dénoncés.
Les ex-combattants dans la danse ?
Selon certaines informations relayées ce lundi par Le Patriote, quotidien proche du pouvoir, les manifestations, au vu de leur organisation, ont bénéficié de l’encadrement et de la participation actifs des ex combattants issus de l’ex-rébellion, dont Bouake était le fief.
Ces derniers, qui ne cessaient de grogner, estimant insuffisante la prise en charge dont ils ont bénéficié dans le cadre du processus de désarmement, avaient promis d’organiser des manifestations à Abidjan. Ont-t-ils été pour beaucoup dans les dérives observées lors de ce «vendredi noir» ? Ce n’est pas à exclure et le gouvernement doit prendre ces débordements au sérieux, insiste-t-on à Abidjan.