Des champs de maraîchers et de produits vivriers clés en main qui rapportent trois fois la mise de départ, voire plus, en seulement six mois. C’est la promesse que faisaient miroiter les sociétés d’agribusiness qui se sont multipliées ces dernières années à Abidjan. Le système qui semblait fonctionner sans accroc jusque-là enregistre ses premiers revers depuis la mise en garde du gouvernement, le 28 décembre dernier, appelant les populations à plus de prudence.
Dans la foulée, la société monhevea.com, précurseur de ce «business» a annoncé l’arrêt de ses opérations de souscription depuis ce 30 décembre, soit deux jours après la sortie du gouvernement.
"Monhevea.com connaît aujourd’hui des soubresauts significatifs, dû à des incompréhensions en matière de conformité et de réglementation. (…) Afin de prendre le temps de bien traiter ces difficultés, nous avons décidé, en toute objectivité, de suspendre nos activités de réalisation de plantations clés en main", informe l’entreprise dans un communiqué.
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Mais le fait est que, selon des sources concordantes, des retards dans le paiement échus des souscripteurs sont enregistrés depuis quelques mois, ce qui accentue encore plus l’inquiétude des Ivoiriens.
Pour les économistes, tant qu’à chaque souscription correspond un champ de maraîchers effectivement créé, qui entre en production au bout de quelques mois (un ou deux cycles de récolte), avec des légumes vendus à prix rémunérateurs, il est fort probable que le système fonctionne. Encore que les rendements financiers soient sujets à caution.
Si ces entreprises avaient créé des milliers d’hectares d’oignons ou de tomates, pourquoi le pays avait-il enregistré une pénurie de tomates au premier semestre dernier? Pourquoi le pays continue-t-il d’importer de l’oignon? Nombre d’Ivoiriens en sont à se poser ces questions quand d’autres préfèrent accuser le gouvernement de vouloir mettre les bâtons dans les roues d’un système qui marchait bien jusque-là.
Et s’il s’agissait d’un système de type Ponzi?
Les difficultés de paiements des sommes promises qui se font jour laissent penser à un système de type Ponzi, du nom d'un mécanisme financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des premiers clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants dans le système.
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Selon les experts, s’il s’avérait que les entreprises ne se couvraient pas avec la contrepartie de fermes agricoles, la méfiance des Ivoiriens et la baisse voire l’arrêt des souscriptions va amener le système à s’écrouler de lui-même avec un désastre social de grande ampleur. Cela, surtout pour les petits épargnants qui y ont mis quasiment toutes leurs économies, attirés par les promesses de fortes rentabilité.
Même s’il n’y a aucun chiffre officiel, on estime à des dizaines de milliers, les individus ayant adhéré aux projets d’investissement proposé par ces entreprises d’agribusiness, une dizaine environ.
En attendant, le Trésor public ivoirien a lancé une campagne médiatique pour inviter les Ivoiriens «à la prudence et à la vigilance», assurant mener des enquêtes «visant à cerner tous les contours de ces opérations financières».