Côte d’Ivoire: les feux de brousse, un désastre qui coûte 204 milliards FCFA chaque année

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Le 18/02/2017 à 09h49

Dans ce pays agricole, des milliers d'hectares de surface cultivable partent chaque année en fumée. La culture sur brûlis, la chasse du gibier et l'extraction de vin de palme en sont les principales causes.

En traversant la végétation dans le nord-est, l’est et le centre de la Côte d’Ivoire, il reste difficile d’observer assez longtemps une zone touffue d’arbres. Car, en partie, d’immenses parcelles de champs sont brûlées pour la chasse du gibier. Des feux de brousse, généralement intentionnels, emportant chaque année des milliers d’arbres, des cultures et même des vies humaines. Car la saison sèche est considérée dans ces parties du pays comme la saison de la chasse. Une pratique qui fait mal à l’économie, selon des acteurs de la lutte contre le phénomène.

En effet, au cours d’une conférence de presse, tenue à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, les responsables du Comité national de défense de la forêt ont annoncé que les feux de brousse ont causé à la Côte d’Ivoire, une perte de 204 milliards FCFA, soit près de 311 millions d’euros, au cours de l’année 2016.

«En dépit des multiples campagnes d’information et de sensibilisation menées par le ministère des Eaux et forêts, le phénomène continue de causer d’énormes préjudices au pays aux plans social, économique et environnemental», s’est désolé Lieutenant-colonel, Aboubacar Kassamba, secrétaire national du Comité.

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Le bilan, selon lui, fait état en 2016, de 1.100 hectares de forêts, 15.000 hectares de cultures agricoles, dix villages, 200 cases et 17 morts, comme bilan des dégâts causés par les feux de brousse. Et l’une des régions les plus touchées est celle de Bondoukou (nord-est du pays), où depuis plus d’une décennie, la courbe du phénomène ne cesse de croitre.

A titre d’exemple, début 2016, les feux de brousse ont ravagé à Koun-Fao (une des grandes villes de la région de Bondoukou) 125,75 hectares de culture pérenne et 39 hectares de culture vivrière. Une année plus tôt et à la même période, dans la même localité, les feux avaient détruit 239,75 hectares de culture pérenne et dix hectares de celle vivrière.

La région en elle-même a enregistré la perte de 3.370 hectares de culture et 337 cases emportées par les flammes, avec un bilan humain de 17 personnes tuées, entre 2000 et 2006. Un chiffre resté quasi identique entre 2010 et 2016.

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Pourtant, il y a dix ans, des comités de lutte contre les feux de brousse ont été créés dans les villages de la région en vue de prévenir les départs d’incendies, de limiter leur extension et de rendre plus efficace la lutte. Mais ceux-ci, apprend-on, sont devenus faibles et inefficaces parce que les victimes des feux de brousse refusent que les auteurs des feux soient sanctionnés.

Des habitudes tenaces

Outre la quête du gibier, notamment les rats et agoutis qui s’abritent souvent dans les terriers dont ils ne sortent que sous la menace du feu, la culture sur brûlis fait partie des habitudes locales que les autorités ont du mal à combattre. Également, l’extraction du vin de palme, pour lequel l’on a recours au feu, participe à ce désastre.

Le fait est qu’en période de sécheresse, il suffit d’une braise pour que le feu devienne incontrôlable. Parfois aussi, c’est une braise mal éteinte qui s’active sous l’effet du vent. Des années de sensibilisation n’ont malheureusement pas encore suffi à mettre un terme au manque vigilance des paysans.

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Pour les autorités ivoiriennes, la recherche de solutions idoines et surtout efficaces contre le fléau demeure désormais le principal objectif des acteurs de la lutte contre les feux de brousse, avec comme leitmotiv la sensibilisation permanente. Et même les pare-feux, destinés à séparer les parcelles de champs et à isoler les villages ne sont pas toujours bien entretenus.

«Il faut disposer d’outils et de moyens pour rendre efficaces les politiques et les programmes en cours, et suivre l’évolution des conditions environnementales et socio-économiques qui influencent les cas d’incendie, car vaincre les feux de brousse est un défi pour chacun et un devoir pour tous», a souligné Kassamba.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 18/02/2017 à 09h49