Côte d’Ivoire: une production électrique abondante mais inaccessible

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Le 22/04/2017 à 07h08, mis à jour le 22/04/2017 à 07h18

Alors que 78% des localités ivoiriennes sont raccordées au réseau électrique, seuls 29% des citoyens ont accès à la lumière domestique trop chère pour bien des bourses. Cette situation qui explique les fraudes et branchements anarchiques devrait bientôt prendre fin.

78% des Ivoiriens vivent dans des localités reliées au réseau électrique ivoirien, mais seuls 29% ont accès à l’électricité. Ce constat amer est celui de la Banque mondiale qui rappelle les difficultés d’accès à l’énergie électrique dans un pays qui exporte pourtant une partie de sa production dans les pays de la sous-région ouest-africaine, notamment au Ghana et au Burkina Faso.

Comment expliquer cette situation? Pour les experts de l'institution, ce sont les frais initiaux de l’abonnement, en particulier en zone rurale qui freinent l'accès à l'électricité. Il faut en effet décaisser environ un peu plus de 150 000 de francs CFA, soit 228 euros, pour obtenir un raccordement au réseau électrique. Un montant qui représente plus du double du SMIG ivoirien. Une situation expliquée par la suppression des subventions publiques qui a laissé dans l’obscurité, bon nombre de citoyens.

Face à ce coût inaccessible pour de nombreux foyers, dans les quartiers populaires, on a bien souvent recours au système «D» pour s’éclairer. Certains procèdent à des branchements anarchiques parallèles directement sur les poteaux électriques de la Compagnie ivoirienne d'électricité (CIE).

Cette fraude est encore plus visible dans les quartiers particulièrement pauvres où de véritables trafiquants détournent frauduleusement l’électricité qu’ils redistribuent pour leur propre compte. Et la note est de plus en plus salée pour la CIE.

La société qui estimait, il y a quelques années, à 2,5 milliards de francs CFA, soit 3,8 millions d’euros ses pertes annuelles du fait du détournement de sa production a vu ce chiffre exploser. En 2015, le gouvernement a évalué ces pertes entre 40 et 50 milliards de francs CFA, soit entre 60 et 76 millions d’euros. Des pertes qui participent au déséquilibre financier du secteur et qui ont été en partie à la base de la hausse des tarifs d'électricité il y a un an.

Face à cette situation, le gouvernement a annoncé des sanctions pénales plus sévères en juillet dernier et opté pour la relance des subventions aux frais initiaux d’abonnement avec des mesures ponctuelles.

Toutefois, pour faciliter l'accès des populations à l'électricité, l'Etat ivoirien est désormais accompagné par la Banque mondiale qui a mis en place un financement de 325 millions d’euros. Ces fonds vont permettre l'accès à l'électricité à 1 million de foyers, d'ici 5 ans, grâce à un raccordement au réseau électrique pour seulement 2 dollars, soit un peu plus de 1.000 francs CFA.

Enfin, pour accompagner cette politique, la Côte d’Ivoire qui ambitionne de doubler sa production d’énergie à l'horizon 2020, annonce vouloir électrifier toutes les localités du pays à l'horizon 2020.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 22/04/2017 à 07h08, mis à jour le 22/04/2017 à 07h18