150 points de revendications. Cette année les représentants des centrales syndicales étaient particulièrement en verve. Les cinq représentants du monde syndical ivoirien ont rivalisé de superlatifs pour décrier l’«esclavage des temps modernes», le lot commun des travailleurs du pays en alignant les dénonciations et les «exigences» devant une assemblée de citoyens acquis à leur cause. Mais voilà, prenant la parole, le président ivoirien a rappelé que 130 points de revendications sur les 150 énoncés avaient déjà fait l’objet d’accords avec les autorités.
«Nous avons tous écouté avec une attention particulière les légitimes préoccupations ainsi que les doléances exprimées par les centrales syndicales. Mais je dois dire que (…) j’étais un peu surpris parce qu’ils ont eu des rencontres avec le ministre de l’Emploi ces derniers jours et même la veille, et certains points qui ont été réglés ont été exposés à nouveau. J’ai dit au Premier ministre que je comprends parce que vous êtes en période électorale (…). J’ai compris cette insistance, car en réalité, sur 150 points de doléances, quasiment 130 ont été réglés», a souligné Alassane Ouattara.
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Au cœur de cette surenchère, les prochaines élections syndicales devant désigner les faitières les plus représentatives pour porter la voix du monde syndical devant les institutions nationales et internationales.
En effet, sur une quinzaine de centrales (regroupements de syndicats) seules cinq, l’UGTCI, la FESACI, la Centrale Dignité, UNATRCI et Humanisme, prennent part au dialogue avec les autorités, à l’image de ce 1er mai, en raison du seul critère de leur ancienneté. Et les élections annoncées vont donc permettre aux syndicats de faire le choix de leurs représentants.
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Les enjeux sont non moins importants. Ces centrales devront représenter les travailleurs dans certaines instances telle la Commission nationale du dialogue social ou au conseil d’administration de structures telles les Caisses de retraite. Et au surplus, ces dernières devraient se tailler la part du lion de la subvention de 800 millions de francs CFA, soit 1,22 million d’euros, octroyée par l’Etat aux centrales syndicales.
Un tableau si noir?
Face à un public de travailleurs particulièrement attentifs et approbateurs, les récriminations contre les employeurs, l’Etat ivoirien en tête n’ont pas été tendres. Les autorités sont en effet accusées de ne pas respecter la réglementation du travail avec le licenciement qualifié d’«abusif» d’agents au ministère du Plan et à l’Agence emploi-jeunes dont la réintégration a pourtant été ordonnée par la justice.
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Il y a aussi le dénuement dans lequel exerce l’Inspection du travail qui ne dispose quasiment pas de moyens de locomotion pour ses missions de contrôle dans les entreprises. Un fait exposé par la Centrale dignité qui propose de leur affecter «les véhicules en surnombre» de la présidence et de la primature notamment.
Egalement, il est demandé à l’Etat, qui a consenti le paiement les arriérés de salaires et de pension (en fait les arriérés d’augmentation de salaires restés sans effet depuis 1990) de prendre en compte deux années supplémentaires, soit les années 1989 et 1988.
Une autre organisation a même proposé, face à la cherté de la vie, de doubler le SMIG de 60.000 à 120 000 francs CFA (soit de 91 à 183 euros).
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Au niveau du privé, les centrales ont exposé le cas d’ouvriers travaillant les mains nues, sans aucune protection, dans des usines utilisant des produits chimiques tels que le mercure, la situation des «travailleurs journaliers à vie», ou encore des entreprises qui licencient systématiquement les employés se constituant en syndicat.
Le président ivoirien a promis d’examiner ces doléances, tout en exprimant son attachement à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Il a toutefois exclu toute hausse du salaire minimum notamment dans le secteur agricole où le pays reste encore peu compétitif par rapport aux pays asiatiques.